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L'histoire s'ouvre par le tableau d'uu soir de marché. Il est tracé en quelques traits et bien vivant ; on voit les marchands ambulants qui remportent leurs ballots, les rencontres de voisins, les routes qui se couvrent de monde. Les gens sages s'en retournent chez eux. Il y a, dans rénumération des périls de la route, un avertissement loiutain pour ceux qui s'attardent ; plus loin encore, au bout de la perspective, la fermière, de mauvaise humeur, qui attend et prépare une réception à son mari, est rendue en un bien joli vers.

Quand les colporteurs quittent la rue ,

Et que les voisins altérés rencontrent les voisins ;

Comme les jours de marché tirent sur le tard,

Et que les gens commencent à reprendre la route,

Quand nous sommes assis à boire de l'aie,

Rn train de devenir gris et parfaitement heureux,

Nous oublions les longs milles écossais,

Les marais, les ruisseaux, les sautoirs, les barrières,

Qui sont entre nous et la maison ,

Où est assise, morose et mauvaise, notre dame,

Rassemblant ses sourcils comme un orage s'amasse.

Et soignant sa colère pour la tenir chaude.

Celte vérité, l'honnête Tam de Shanter l'éprouva.

Une nuit qu'il repartit au petit trot d'Ayr,

La vieille Ayr, qu'aucune ville ne surpasse

Pour ses honnêtes gars et ses jolies filles.

Voici Tam! Nous ne tardons pas à le connaître: un vaurien, un buveur, un coureur de cabarets ; sa femme le lui dit assez. Avec tous ces défauts, jovial, joyeux, bon enfant, le meilleur fils du monde. On le devine, avec son ivresse de belle humeur, écoutant sans cesser de rire les apostrophes de sa femme Kate. Toutes ces scènes de ménages sont racontées, ou plutôt suggérées, avec beaucoup de vérité. Elles sont termi- nées par un petit couplet ironique, à l'adresse des douces remontrances des épouses.

Tam ! que n'as-tu été assez sage

Pour prendre l'avis de ta propre épouse Rate !

Elle te disait bien que tu étais un vaurien.

Un bavard, un brouillon, un ivrogne, un grand benêt;

Que de Novembre jusqu'à Octobre,

Tu n'étais pas sobre un seul jour de marché ;

Qu'à chaque sac porté au moulin, avec le meunier,

Tu restais à boire, tant que tu avais de l'argent ;

Qu'à chaque cheval qu'on ferrait,

Le forgeron et toi, vous vous grisiez à tue-tête ;

Qu'à la maison du Seigneur, même le dimanche.

Tu restais à boire, chez Jane de Kirktont jusqu'au lundi.

Elle te prédisait que, tôt ou tard,

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