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gent leurs inquiétudes pour leurs moissons, ils s'occupent du temps, des scandales de la paroisse. Leur grand bonheur est de s'attabler pour boire du whiskey, et de se griser en compagnie en se racontant des histoires de filles.

Aux courses de Mauchline, à la foire de Mauchline,

Je serai fier de vous y rencontrer;

Nous donnerons une nuit de congé au souci,

Si nous nous retrouvons,

Et nous ferons échange de rimes

L'un avec l'autre.

Le pot de quatre quarts, nous le ferons tinter ;

Nous le baptiserons avec de l'eau bouillante.

Puis nous nous assiérons et boirons notre coup.

Pour nous réjouir le cœur ; Et ma foi nous serons de meilleures connaissances Avant de nous quitter.

Il n'y a rien comme de la bonne aie forte !

Où verrez-vous jamais des hommes plus heureux,

Ou des femmes plus gaies, douces et savoureuses

D'un matin à l'autre,

Que ceux qui aiment à boire une goutte

Dans le verre ou la corne ? ^

Braves gens, du reste, pour la plupart, pleins de jovialité, de grosse bonhomie, comme John Rankine, le fermier, ou Tam Samson, le chasseur; mais se remuant dans une vie matérielle et terre à terre. D'autres ont leurs défauts marqués : leur vulgarité, l'ivrognerie, l'hypocrisie. Ils sont bien là tels que Burns les a vus , sans qu'il ait songé à les arranger.

L'exactitude des scènes s'accompagne de la précision dans les détails. C'est en somme la même qualité. Pas de développements, pas d'orne- ments, une succession de faits très précis et très clairement énoncés. Chacun de ses mots porte sur un détail réel, le doflne tel qu'il est. Il ne s'occupe que de la substance, de la quantité de matière, de réalité , qu'il met dans ses vers. C'est une suite de renseignements nets, portant sur la structure même de la chose décrite. On dirait qu'il n'y a pas d'imagination, et que cette poésie n'est qu'une observation dense, accumulée et com- primée en un tout petit espace. Il y a des tableaux de quatre ou cinq lignes qui sont le résumé de tout un métier et de tout un jeu. Son poème fïHalloiveen tout entier est un tour de force en ce genre ; il consiste, presque exclusivement en une description technique de superstitions locales, avec toutes les cérémonies. Il y a dans V Élégie de Tam Samson deux strophes, qui sont une description complète du curling, ce fameux jeu écossais qui consiste à lancer, vers un but tracé sur la glace, de lourdes pierres polies et garnies d'une poignée en fer. Les termes, les

  • Episile to John Lapraik.