Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 78 -

du peuple*. Par ces ruptures, toute la hiérarchie périt successivement, et les liens qui pouvaient rattacher l'organisation religieuse au gouver- nement furent brisés. Le clergé fut de plus en plus poussé vers le peuple^. Sa pauvreté même contribua à l'y unir plus étroitement. Il devint plus indépendant du pouvoir civil et plus démocratique, jusqu'au point oîi l'organisation religieuse fut tout à fait en dehors de l'organisation poli- tique , et où tout ce qui pouvait rattacher l'Église à l'État fut aboli. La paroisse devint le seul organisme religieux et un organisme absolument libre. Toutes les paroisses furent égales entre elles; elles n'eurent au- dessus d'elles que des assemblées représentatives émanées d'elles, comme les Presbytères qui étaient une sorte de conseil des paroisses, les Synodes qui étaient formés par la réunion des Presbytères, et enfin l'Assemblée Générale qui se réunissait tous les ans à Edimbourg, véritable parlement ecclésiastique et une des forces du pays^.

Les austères origines calvinistes, l'aspect du pays, la dureté des longues persécutions entreprises pour rétablir l'épiscopat, conspirèrent pour donner à la nouvelle religion un esprit de tristesse. De cette disposition, sortirent un culte morose, une morale implacable et une discipline inflexible, au-dessus des forces humaines.

Les églises étaient laides, nues, froides, plus semblables à des granges qu'à des temples * . Toute image en était proscrite comme sentant la supers- tition. Tout embellissement du culte était interdit^; tel était le préjugé sur ce point que, même de notre temps, un ministre d'Edimbourg, ayant introduit dans son église un harmonium, cela fut considéré comme une innovation dangereuse que l'Assemblée Générale songea à réprimer. Entre ces murs dégarnis, se déroulaient d'interminables services, mono- tones, dépouillés de tout ce qui fait la pompe et la poésie de la Religion, consistant en psalmodies, en lectures, en prières improvisées et en ser- mons démesurés'. Ces services s'éternisaient pendant des journées entières, et, dans la contrée de l'ouest, occupaient les dimanches de

1 Voir sur cette importante rupture, Robertson, p. 64, 68 et75-'76s RoLertson, qui fut longtemps Modérateur de l'Assemblée Générale, possédait ces questions comme historien et comme ecclésiastique. — Hill Burton. Hislory, vol. III, chap. xu, pp. 36 et suiv. Disposai of Ecclesiastical Revenues.

2 Buckle. Hislory of Civilization in England, vol. III, chap. ii, p. 93.

3 On trouve un exposé clair de cette organisation ecclésiastique de l'Ecosse, avec le nombre des paroisses , presbytères , synodes , etc. au xviii® siècle , dans la Mcujnœ Brilunniœ notilia or Présent State of Greal Brilain by John Chamberlayne. L'édition que nous avons est de MDCCLV, vers la date de la naissance de Burns.

^ Scotland Social and Domestic, by Rev. Charles Rogers. Introduction, p. 19.

5 Voir d'amusantes anecdotes et remarques à ce sujet dans les Réminiscences of Scotlish Life and Characler, by Dean Ramsay, chap. ii, p. 11 et suiv.

6 Voir, au sujet de cette question de l'orgue dans les églises : Scotland Social and Domestic, by Rev, Charles Rogers. Introduction, p. 23.

^ Id., p. 24.