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Cela a beaucoup de tenue et peu de mouvement ; c'est le contraire de son esprit. La langue elle-même est différente. Autant ses poèmes abon- dent eu expressions écossaises, autant cette correspondance est écrite dans une langue purement anglaise , avec une affectation de mots latins. Au point de vue des sentiments, ces lettres sont également remarquables par leur gravité, leur ton de convenance et de franchise, un désir de bien préciser le genre d'affection qu'il éprouve et de placer ses déclarations sur un terrain de vie pratique. Dans la première de ces épîtres, il se défend, avec beaucoup d'habileté, contre un soupçon d'inconstance de sa part, qui pourrait bien venir à l'esprit d'KIlison Begbie et il fait une description de la vie mariée, qui est réellement un beau morceau sur le mariage :
Il est iiaiurel qu'un jeune homme aime la connaissance des femmes et il est hal)ituel qu'il recherche leur société quand l'occasion s'en présente. L'une d'elles lui est plus agréable (jue les autres; quand il est avec elle, il y a quelque chose, il ne sait pas quoi, qui le séduit, il ne sait pas connnent. Je suppose que cela est ce que la i)lupart d'entre nous appellent amour et je dois avouer, ma chère E., que c'est un jeu diflicile que celui que vous avez à jouer lorsque vous rencontrez un amoureux de cette espèce. Vous ne pouvez vous empé.-hor de dire qu'il est sincère, et cependant, avec quelque faveur que vous le traitiez, peut-ctre dans quelques mois ou au plus tard dans un an ou deux, la même inexplicable fantaisie peu! le rendre éperdument épris d'une autre, tandis que vous serez oubliée. Je nignore pas que peut-être, la prochaine fois que j'aurai le plaisir de vous voir, vous me conseillerez de prendre cette leçon pour moi, et vous me direz que la passion que je professe pour vous est peut-être une de ces lueurs passagères. Mais j'espère, ma chère E., que vous me ferez l'honneur de me croire, quand je vous assure que l'amour que j'ai pour vous est fondé sur les principes de la Vertu et de l'Honneur, et que conséquemment, aussi longtemps que vous continuerez à posséder ces aimables qualités qui m'ont d'abord inspiré ma passion pour vous, aussi longtemps faut-il que je continue à vous aimer.
Croyez-moi , ma chère , c'est un amour comme celui-là qui seul peut rendre heureux l'état de mariage. On peut causer de flammes, d'enthousiasmes, autant qu'on veut, et une chaude imagination, avec l'ardeur de la jeunesse, peut faire éprouver quelque chose de pareil à ce qu'on décrit. Mais je suis siîr que les plus nobles facultés de l'esprit, unies à des sentiments semblables dans le cœur, sont le seul fon- dement de l'amitié et c'a toujours été mon opinion que la vie mariée n'est pas autre chose que de ['amitié à un degré plus élevé. Si vous êtes assez bonne pour exaucer mes souhaits, et s'il plaît à la Providence de nous épargner jusqu'à la période la plus reculée de la vie, je puis, en regardant vers l'avenir, voir que même alors, bien que courbé sous la vieillesse ridée, même alors, (juand toutes les choses de ce monde me
seront indifférentes, je regarderai mon E avec l'affection la plus tendre, pour
la simple raison qu'elle aura toujours, mais à un degré plus élevé et perfectionné, ces nobles qualités qui inspirèrent ma première affection pour elle L
Ces dernières lignes sur l'idée du bonheur tranquille et apaisé qu'il faut attendre du mariage, sur la nécessité des qualités de l'âme
' To Eliifoa Begbie. Lettre 1.