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actes individuels, et qu'une suite de combats singuliers s'engage entre ses secours et nos souffrances. Cela est à ce point qu'on ne conçoit guère une religion protectrice, sans rite et sans prière. Une âme ne s'appuie pas sur de l'abstrait : elle a besoin d'invoquer quelqu'un. 11 faut qu'à ses gémis- sements une voix réponde, et un écho, fût-il celui d'un monde, ne lui suffira jamais. Et, par ailleurs, il manquait à cette foi plus encore. Elle n'avait jamais eu d'exigence. Pour qu'une croyance fasse quelque chose pour nous, il faut que nous ayons fait quelque chose pour elle. C'est en nous contraignant à ses préceptes que nous avons pris conscience de sa puissance ; plus nous lui avons offert, plus elle nous rassure ; elle est forte de ce qu'elle a obtenu de nous, et elle nous rend en soutien ce que nous lui avons donné en sacrifice. La croyance de Burns ne lui avait imposé aucun devoir, elle ne pouvait lui fournir aucun refuge.
Encore si cette foi, telle quelle, avait été fixe, invariable. Mais elle était brisée par des fluctuations de doute. C'était une surface, une glace, qui se rompait par moments, quitte à se reformer ensuite.
J'ai tout le respect possible pour le monde d'outre-tonibe dont on parle tant, et je souhaite que ce que la piété croit et la vertu mérite puisse être une réalité i.
Et ailleurs :
Peut-il être possible que, lorsque je me démettrai de cet être frêle et fiévreux, je me trouve encore dans un étatd'existence consciente ! Quand le dernier hoquet del'agonie aura annoncé que je ne suis plus, à ceux qui m'ont connu et aux quelques-uns qui m'ont aimé ; quand le cadavre froid, roide, inconscient, affreux, sera rendu à la terre pour être la proie de reptiles immondes et pour devenir avec le temps le sol qu'on foule aux pieds ; serai-je encore tiède de vie, voyant et vu, chérissant et chéri ? vous, vénérables sages, et saints Flamines, y a-t-il de la probabilité dans vos conjectures, de la vérité dans vos histoires d'un autre monde au-delà de la mort ; ou bien sont-elles toutes également des visions sans fondement et des fables fabriquées? S'il y a une autre vie, elle ne doit être que pour ceux qui furent justes, bienveillants, aimables, humains ; quelle pensée flatteuse, alors, est un monde à venir ! Phit à Dieu que je le crusse aussi fermement que je le souhaite ardenunent 1 2
N'est-ce pas là, à proprement parler, le doute? Quand l'affirmation n'est pas absolue, elle perd sa vertu de sécurité. Carlyle a dit: « 11 n'a pas de Religion... Son cœur, à la vérité, est animé d'un tremblement d'adoration, mais il n'y a pas de temple dans son entendement. Il vit dans l'obscurité et dans l'ombre du doute. Sa Religion, aux meilleurs moments, est un souhait anxieux ; comme celle de Rabelais, « un grand Peut-être ^ ». A son dernier moment, il pouvait répéter avec la même angoisse son cri d'interrogation qui lui revenait souvent :
1 To Robert Ainslie. June 30th ngS.
2 To Mrs Dunlop. Và^^ Dec. n89.
3 Carlyle. Essay on Burns.