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Il avait, il le dit lui-même, été très loin dans le doute. Ensuite il s'était rapproché d'un sentiment religieux, qui néanmoins n'était pas la foi. Il ne semble pas avoir cru à la Révélation. Il parle du Christ avec révérence, mais sans adoration. Il le considère comme un inter- médiaire d'origine divine. Il n'est pas très aisé de définir clairement comment il le concevait. C'est d'ailleurs une confusion qui existe chez tous ceux qui, sans trancher nettement pour l'humanité ou la divinité , essayent un compromis entre les deux et, substituant au mélange des deux natures, un mélange incompréhensible de termes divins et humains, remplacent la foi par du mysticisme philosophique. Ce n'était pas le cas chez Burns : son esprit était plus simple et moins exercé aux extases. Il est vraisemblable qu'il hésitait à aller jusqu'au bout. Il n'avait pas, du reste, les données du problème. La figure du Christ restait pour lui inexplicable, quoiqu'il lui reconnût quelque chose de surhumain.

L'Être suprême a placé l'administration immédiate de toutes ces choses, pour des fins sages et bonnes, connues de lui seul, entre les mains de Jésus-Christ, un grand per- sonnage, dont nous ne pouvons comprendre la position envers lui, mais dont le rapport envers nous est celui d'un guide et d'un sauveur, ot qui, si notre endurcisse- ment et nos fautes n'y font obstacle, nous conduira tous, à la fin, par des voies diverses et des moyens divers, à la félicité ^

Et ailleurs il disait :

Jésus-Christ, toi le plus aimable des personnages ! J'ai confiance que tu n'es pas un imposteur et que ta révélation de scènes heureuses d'existence, au-delà de la mort et de la tombe, n'est pas une des nombreuses duperies qui, coup sur coup, ont été pra- tiquées sur le crédule genre humain. J'ai confiance que, en toi, « toutes les familles de la terre seront bénies » parce qu'elles seront réunies dans un meilleur monde, dans lequel tous les liens ffiii ont attaché les cœurs entre eux, dans cet état présent d'exis- tence, nous seront bien plus chers, chers au-delà de ce que nous pouvons concevoir 2.

Et encore ceci qui est peut-être plus probant :

J'irai plus loin et j'affirmerai que, d'après la sublimité, l'excellence, la pureté de sa doctrine et de ses préceptes, avec lesquels toute la sagesse et la science accumulées de nombreux siècles antérieurs ne sauraient entrer en parallèle, quoique, en apparence, il fut lui-même le plus obscur et le plus illettré de notre espèce, à cause de celte raison, Jésus-Christ émanait de Dieu 3.

Manifestement ce ne sont pas là des paroles de croyant. Ce n'est pas ainsi qu'on approche le double mystère de la Trinité et de l'Incarnation, ces ineffables tabernacles de la Foi. Pour les fidèles, la relation du

1 To Clarinda. Jan. 8tii, nss.

2 To il/'-* Dunlop. 13tli Dec. 1789.

3 To M^s Dunlop. 2lst June HBO.