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Ef quelquefois je vous permets de déprécier ma beauté un peu. Mais n'en courtisez pas d'autre, quoique en riant, De peur quelle ne détache votre pensée de moi. De peur qu'elle ne détache votre pensée de moi '.

Ne senible-t-il pas qu'il y ait eu entre eux une entente et presque une dissimulation? Que signifient ces paroles furtives et ces entrevues dérobées? Aussi innocentes (jue fussent ces relations, ce mystère seul suffirait pour leur donner l'apparence d'une faute. Il leur donnait même ce qu'il y a de culpabilité réelle dans uue tromperie. C'était trop. Vis-à-vis d'une jeune fille comme Chloris et de la part d'un homme qui avait le double de son âge, c'était un jeu imprudent et blâ- mable, tel que peu de pères, j'imagine, le toléreraient. Ce n'était pas un sentiment assez pur pour ne pas prendre de précautions ; encore moins l'était-il assez pour ignorer ({u'il y a des précautions à prendre. Ce fut un marivaudage équivoque oii il entra de la co([uetterie d'un côté, de la convoitise de l'autre , et dans lequel Burns n'est pas aussi éloigné qu'il le pensait d'être atteint par sa propre condamnation. Il a d'ailleurs été frappé, sur ce point, par celle des autres. Allan Cunningham, qui parle de tout cet épisode avec sévérité, dit : « La beauté de Chloris a ajouté de nombreux charmes à la chanson écossaise, mais ce qui a accru la réputation du poète a diminué celle de l'homme ». C'est une parole très dure.

Quoique, dans le tas d'autres caprices grossiers et anonymes, cette fan- taisie fût une lleur encore embaumée de poésie, elle était bien au-dessous de ses précédentes aventures de cœur. Klle marquait un instant oîi inévi- tablement arrivent les hommes qui continuent à aimer par delà l'âge de l'amour. C'était un émoi uniquement fait de délectation, de désir, en face d'une éclosion de jeunesse, savoureuse dans sa grâce continue de mouvements et sa fraîcheur de carnation. C'est le goût d'un amateur friand devant un beau fruit luisant, velouté, rose, rougissant, virginale- ment somptueux, dans son lustre et son éclat premiers. Tandis que dans ses pièces à Clarinda, où l'auiour est surtout d'imagination, tandis que dans ses pièces à Mary Campbell, oii il fut surtout de sentiment, on ne trouve pas un seul trait ((ui puisse servir à reconstituer la physionomie de ces deux héroïnes , ses pièces à Jane Lorimer nous donnent son portrait avec une précision matérielle et un détail qui permettraient presque à un peintre de le rendre. Elles font un peu penser aux premières pièces à Jane Armour, mais elles sont plus matérielles encore ; elles n'en ontpasTetuportement ; elles ont plus d'analyse et de dilettantisme dans la contemplation. Elles sont toutes d'un coloris chaud, et chargées de termes de beauté physique et de caresses.

^ Whistle and fil Corne lo you my Lad.