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mot de ses folies. Tout au contraire faut-il plutôt y voir une façon d'expli- quer et d'excuser les pièces à Chloris.

Il y a, d'autre part, des probabilités bien lourdes. On comprend que le poète se figure des reucoutres, des situations, des dénouements, et brode sur un rien de flatteuses erreurs. Tous les bommes en sont là, dit-on ; autant les sages que les fous. La seule différence qu'il y ait entre la multitude et lui, est qu'il crée pour ses songes une forme que les autres lui empruntent pour exprimer les leurs. Mais on comprend moins que la femme qui inspire ses fantaisies les accepte ; si elle les approuve, elle est en quebjue sorte sa conq)lice. On n'est pas étonué de ^ oir Burns s'imaginer des tableaux comme celui-ci :

Viens, laisse-moi te prendre sur inou cœur,

Et (lis que nous ne nous quitterons jamais ;

Et je mépriserai, comme une vile poussière,

La richesse et tes grandeurs du monde.

Et si jentends ma Jeanie avouer Que des transports semblables l'agitenl, Je ne désire le Itienfait de la vie Que pour -vivre afin de l'aimer.

Ainsi dans mes bras, avec tous ses charmes, Je serre mon précieux trésor ; Je ne deaumde, pour ma part du cie', Que les délices d'un pareil moment. Et par tes yeux, si doux et bleus, Je jure que je suis tien pour toujours ! Et sur tes lèvres je scelle mon vœu El jamais je ne le Imseraii.

On est surpris (ju'une jeune femme ait accepté un pareil emploi, même poétique, de sa personne et s'en soit trouvée flattée. Or, il y a la preuve que ces pièces, qui ne laissent pas d'être un pmi viv.»s, lui étaient offertes, et que parfois elle insistait pour (jue l'introduction de son nom marquât bien que c'était d'elle (fu'il s'agissait. A propos d'une de ces chausous, Burns écrit à Thomson le passage suivant qui est très clair :

Dans Sifflez et je viendrai à vous , mon gars , la répétition de ce vers Êst fatigante pour l'oreille. Voici les quatre premières lignes de chaque strophe, telles qu'elles étaient primitivement, et ensuite ce qui à mes yeux est une amélioratioD :

sifflez, et je viendrai à vous, mon gars ;

sifflez, et je viendrai à vous, mon gars ;

Quand même père et mère et tous en seraient furieux ;

sifflez, et je viendrai à vous, mon gars.

1 Corne, let me lake thee lo my breast.