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Avec maints vœux et maints étroits embrassements,

Nos adieux furent pleins de tendresse ; Et nous jurant souvent de nous revoir

Nous nous arrachâmes l'un à l'autre. Mais hélas, le gel de la mort arriva

Qui tua ma fleur si hâtivement ! Maintenant vert est le gazon et froide l'argile Qui enveloppent ma Mary des Hautes-Terres

pâles, pâles maintenant, ces lèvres roses,

Quej'embrassai souvent si tendrement ! Et fermé à jamais, ce regard brillant

Qui s'arrêtait sur moi si doucement ! Et retombé maintenant, en poussière silencieuse,

Ce cœur qui m'aimait si chèrement ! Mais toujours au fond de ma poitrine

Vivra ma Mary des Hautes-Terres i.

La souffrance est aussi récente que dans les vers composés trois ans auparavant ; ceux-ci ont une tristesse de plus. Il semble que la pensée d'une existence future se soit éloignée ; la dissolution est l'idée maîtresse de cette pièce comme la survivance l'était de la précédente. Ce n'est plus à la Mary veillant dans le ciel qu'il s'adresse; mais à la Mary disparue sous la terre, pour jamais. Le sentiment delà séparation définitive a remplacé celui d'une réunion attendue ; ses yeux ne la cherchent plus du côté des étoiles. Du reste, ce rêve d'une rencontre avec les êtres aimés, qui avait été pendant quelque temps sa croyance, ne reparaît plus dans sa correspondance. Pas même aux derniers moments, lorsque la pensée de la mort prochaine lui reviendra souvent, il ne s'en ressouviendra. Il y a une autre réflexion mélancolique dont il est impossible de se défendre en relisant ces vers. Certes l'homme qui les a écrits est aussi capable de poésie que jamais. Cependant c'est de plus en plus à des souvenirs que son génie s'applique; la vie présente ne lui fournit plus de ces émotions; il retravaille à celles du passé ; il retourne à ce qu'il a ressenti. Quelle amertume ont ces divins moments d'autrefois, quand ils reviennent dans une âme qui ne saurait plus les éprouver et qui, peut-être, en a conscience !

ni

LES EXCÈS AUGMENTENT. — MAUVAIS RENOM.

Dans cette vie de discussions âpres et de déclamations de cabaret, dans la routine d'un métier haï, dans le commerce de gentilshommes viveurs

1 Highland Mary.