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comme un témoignage de son admiration et de son estime. Le cadeau et l'envoi furent arrêtés à la douane de Douvres '.
Lockhart,qui fut avec persistance un tory étroit, condamne lourdement cet acte de Burns, bien qu'il soit forcé de reconnaître que l'Angleterre n'était pas alors en guerre avec la France, « mais, dit-il, chacun sentait qu'elle ne tarderait pas à l'être * ». Chambers, qui a étudié de plus près cette question et qui a pris la peine de parcourir les journaux de l'époque, fait rentrer les faits dans de plus justes proportions. Il remarque que la Convention n'existait pas encore à la fin de Février 92 ; que, moins d'un mois auparavant, Georges III avait ouvert le parlement dans des termes oii il se félicitait de la paix et de la prospérité du pays; que le trois pour cent était à 96 ; que l'ambassadeur anglais ne fut rappelé qu'au mois d'août ; que la guerre ne lut déclarée qu'au mois de janvier suivant, et qu'une démonstration de sympathie envers le gouvernement français n'était nullement un acte d'hostilité contre le gouvernement anglais. Bien plus, les journaux et l'opinion de la contrée étaient favorables à la Révo- lution française, au point qu'à la fin de 1792, une souscription était ouverte à Glascow « pour aider les Français à continuer la guerre contre les princes émigrés et les pouvoirs étrangers, par qui ils pourraient être attaqués », et le journal annonçait que la souscription s'élevait déjà à 1200 livres sterling^. Il est possible cependant que, par suite des délais de l'envoi et des lenteurs du trajet, les canons soient arrivés à Douvres seulement vers la fin d'avril, quand la guerre avait éclaté entre la France et l'Empereur ; et que les autorités anglaises aient cru devoir intercepter un envoi d'armes, fait par un particulier à une nation en hostilité contre un souverain allié. C'était de la part de Burns un acte original, mais nullement irrégulier, et il est peu probable qu'il faille attribuer à cela les ennuis qui ne tardèrent pas à l'assaillir.
Ils devaient être causés par des actes, plus hardis et plus significatifs en eux-mêmes, mais dont la gravité tint aussi au changement qui s'était produit dans l'opinion publique et dans l'attitude du gouverne- ment. La première avait été affectée par l'emprisonnement de Louis XVI et les massacres de septembre ; la seconde, par le sentiment réel ou feint de la contagion révolutionnaire qui le menaçait. En effet, entre les premiers mois de 1792 et les derniers , des événements importants avaient eu lieu dans le pays. C'est l'année qui est marquée par la naissance et le développement des sociétés révolutionnaires anglaises et par une puissante fermentation des esprits.
1 Lockhart. Life of Burns, p. 228-29. Voir aussi la lettre de M. Train dans l'édition de Burns, de Blackie, tom I, p. ccxini.
2 R. Chambers, tom III, p. 218-20,
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