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pour essayer la force des ailes de ma muse dans cette direction * » . Imagine- t-on l'auteur des épî très de Mossgiel, ces petits chefs-d'œuvre bondissants de vivacité, de vie et de fantaisie, s'emprisonnant dans les roides bran- cards du lent et pompeux carrosse de Pope? Cette aberration menaçait de pénétrer bien loin et de gâter ses inspirations les plus intéressantes. Il avait projeté un poème autobiographique intitulé The Pm's Progress. On se représente sans peine quelle admirable confession , quel récit tou- chant, audacieux et comique , quel tableau de la vie écossaise , quelle galerie de portraits d'hommes et de femmes, eût été ce poème écrit comme ses premières œuvres. C'eût été un livre unique, plus curieux encore peut-être et à coup sûr plus varié que le Prélude de Wordsworth. Malheureusement il s'était mis dans l'esprit de l'écrire dans le même style que YÉpUre à Robert Graham. « Ce poème est une espèce de com- position nouvelle pour moi, mais je n'ai pas l'intention que ce soit mon dernier essai de ce genre, comme vous le verrez par le Poefs Progress. Ces fragments, si mon projet réussit, ne sont qu'une petite partie du tout projeté. Ce sera, dans ma pensée, l'œuvre de mes plus grands efforts mûris par les années ^ ». On a quelques fragments de ce poème. Ce sont principalement deux portraits de Creech et de Smellie. Ils ressemblent aux portraits semés dans les œuvres satiriques de Dryden et de Pope. Hormis l'intérêt biographique , on regrette peu que ce poètne n'ait pas été achevé.

Outre ces imitations de poésie didactique, il y a, de ci de là, des traces d'autres influences purement littéraires : ses lignes sur XHermitage de Friars Carse se rattachent à r^<?r«2//^deParnell, kV E divin et Angelina de Goldsmith, et aux vers sur XHermite de Beattie. Ses strophes au Hibou tiennent de la même origine. Dans bien des pièces, où l'on trouve des ruines, des apparitions fantastiques, des décors démodés, on sentie faux romantisme du xv!!!* siècle, et cela contraste avec le vigoureux réalisme de ses premières œuvres. Parfois il pousse des tentatives assez hardies dans d'autres directions : ses vers sui» Les ruines de l'abbaye de Linchden vu,es le soir, ne sont pas déjà si loin du célèbre morceau de Walter Scott sur les ruines de l'abbaye de Meirose.

ïl y eut donc un moment où son génie hésita entre deux directions et où l'on aurait pu craindre qu'il ne prît une fausse voie.

Sans doute, il était trop foncièrement sincère pour s'accommoder long- temps de cette contrainte. Sa personnalité était trop forte pour que la condition subalterne qu'implique l'imitation fût durable. Un jour ou l'autre cette écorce devait craquer et tomber. C'est ce qui arriva en effet. Cependant il conserva de cette crise un emploi plus fréquent de l'anglais

1 To Miss Chalmcrs, 16th Sept. n88.

2 To Dugald Slewart, aoth Jan. 1789.