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d'émotion. C'est un chagrin qui avait vraiment pénétré au plus profond de sa vie. Il disait:

« Le deuil, que je me suis fait à moi-même l'honneur de porter en mémoire de sa seigneurie, n'a pas élé « une contrefaçon de douleur ». Et ma gratitude ne périra pas avec moi ! Si parmi mes enfants, j'ai un fils qui ait du cœur, il transmettra à son enfant, comme une fierté de famille et une dette de famille, que je dois ce qui m'a été le plus cher dans l'existence à la noble maison de Glencairni. »

Près de quatre ans après, lorsqu'il lui vint un fils, il lui donna le nom de James Glencairn.

Sa générosité, qui était un des traits, disons mieux, un des éléments de son caractère, était toujours en éveil, toujours prête et prompte à agir, sans une seconde d'hésilatioa, par élan prime-sautier. Un délicat poète écossais, Michel Bruce, était mort à vingt-et-un ans ^. Ses amis résolurent de publier ses œuvres, au bénéfice de sa vieille mère qui était dans la pauvreté. L'un d'eux, un jeune clergyman nommé Baird, qui devint pro- fesseur dé langues orientales à l'Université d'Edimbourg et plus tard principal de l'Université, demanda à Burns l'appui de son nom et de sa plume. « Puis-je vous demander si vous voudrez prendre la peine de par- courir les manuscrits non publiés de Bruce qui sont en ma possession, de donner votre o])inion et de suggérer les coupures, les changements ou les modifications (jui vous sembleraient désirables? Et voulez-vous nous permettre de faire savoir que quelques lignes de vous seront ajoutées au volume? 3 » Voici la lettre qu'il reçut en réponse :

Pourquoi m'avez-vous, cher Monsieur, écrit ces ternies si hésitants à propos de l'affaire du pauvre Bruce? Ne connais-je pas et n'ai-je pas éprouvé les maux nom- breux, les maux particuliers, qui sont le patrimoine de toute chair poétique? Vous pourrez faire votre clioix de tous les poèmes inédits que je possède ; et si votre lettre m'avait été adressée de façon à m'arriver plus tôt (je viens de la recevoir il y a un moment), je vous aurais aussitôt délivré de toute incertitude à ce sujet. Je vous demande seulement que quelque avertissement, dans la préface du livre, aussi bien qxie les feuilles de souscription, porte que la publication est uniquement pour le bénéfice de la mère de Uruce. Je ne veux pas que l'ignorance puisse supposer, ou la malignité insinuer que je me suis dévoué à cette oeuvre pour des motifs mercenaires. Et vous ne devez pas, pour ma participation à cette affaire, me faire honneur d'aucune générosité remarquable. J'ai une telle armée de peccadilles, de fautes, de folies et de chutes (tout autre que moi pourrait donner à quelques-unes d'entre elles un nom plus sévère), qu'afin de rétablir un peu, quoique bien légèrement, la balance pour mon compte, je suis disposé à faire envers un semblable tout bien qui se trouve en mon très humble pouvoir, rien que dans le but égoïste d'éclaircir un peu la perspective du passé ^.

1 To lady Elisabeth Cunningham, March 1791.

- The Works of Michail Bruce, edited with memoir by Alex. Grosart.

3 Cilé par Scott Douglas, tom. V, p. 347.

4 To the Rev. G. H. Baird, Feb. 1791.