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crédit près du Tribunal que , avec de grandes fClicitations , ils m'ont si bien accordé ample revanche sur le reste que mon droit d'amendes est double de ce à quoi il monte dans n'importe quelle division du distiict ' .

Il semble donc qu'il ait eu auprès de la cour une influence particulière. C'était peu étonnant d'ailleurs. Il est vraisemblable que quelques-uns de ces plaidoyers ou de ces réquisitoires d'employé subalterne prenaient , quand il parlait , des allures de discours éloquents , forts d'énergie et d'émotion. On aurait pu compter sur les doigts les avocats du barreau écossais dont la parole n'eût pas été éclipsée et éteinte par la sienne.

Cependant, quels qu'aient été les mérites moraux de sa décision, il est impossible de ne pas regarder l'entrée de Burns dans l'Excise comme un malbeur. Qu'on laisse de côté les amertumes intimes et ce sentiment de vie abaissée, dont les dégâts dans un homme sont incalculables, il venait d'entreprendre une besogne à laquelle une santé robuste aurait eu peine à résister.

Rien que les fatigues et les tracas de ses fonctions nouvelles suffisaient pour occuper les forces d'un homme. C'était, en vérité, un dur métier. La division à laquelle il avait été nommé était très considérable ; elle couvrait dix paroisses fort éloignées les unes des autres, dans ce temps de population clairsemée. « La pire circonstance est que la division d'Excisé qui m'est tombée eu lot , est si étendue... pas moins de dix paroisses , à travers lesquelles il faut chevaucher; elle abonde, en outre, en tant d'affaires , que je puis à peine dérober un instant^. » Il fallait les visiter chaque semaine, par tous les temps, par tous les chemins. C'était, au bas mot, deux cents milles à faire à cheval ; « outre les affaires de ma ferme, je fais à cheval, pour mes affaires de l'Excise, au moins deux cents milles chaque semaine ^. » Longues courses désolées, dans les pluies si fréquentes sur la vallée supérieure de la Nith , dans les pénétrants brouillards écos- sais, dans la neige, à travers les plaines semées de fondrières et de tourbières, les bruyères marécageuses et les ruisseaux qu'on passait alors à gué , faute de ponts. 11 arrivait dans des endroits perdus, ruisselant d'eau, percé jusqu'aux moelles. « Maintefois, j'ai vu Burns entrer dans la maison de mon père, par une nuit froide et pluvieuse , après une longue course à cheval à travers nos tristes moors. Eu ces occasions-là, quelqu'un de la famille prêtait la main pour le débarrasser de son caban et de ses bottes, tandis que les autres lui apportaient une paire de pantoufles et lui faisaient une tasse de thé chaud '*. » Mais ces réceptions n'étaient pas

1 To Rob Gnihain of Finlry, 4tii Sept. 1790.

2 To Richard Brown, 4th Nov. n89.

3 To William Dunbar, HlhJan. 1190.

i R. Chambers. tom III, p. 87. Souvenirs de Miss JeftVey.