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Biirns ot qui, peut-être, les fit naître. A partir de ce moment, l'idée de retrouver, dans un autre monde , sa chère et mélancolique Marie des Hautes-Terres, fut pour lui une consolation, une pensée de refuge, un degré de religion. C'est ce souvenir qui le conduisit le plus près du ciel. Deux mois après cette mémorable soirée, il écrivait à Mrs Dunlop :

Là, je retrouverais un père âgé, maintenant à l'abri des coups d'un monde mauvais, contre lequel il a si longtemps et si bravement lutté. Là, je retrouverais l'ami, l'ami désintéressé de ma jeune vie, riiomme qui se réjouissait de me voir parce qu'il m'aimait et pouvait m"étre utile. OMuir ! tes faiblesses étaient les erreurs de la nature humaine, mais ton cœur brillait de tout ce qui est généreux, viril et noble ; et si jamais une émanation de l'Être tout Bon a dessiné une forme humaine, ce fut la tienne I Là, avec une angoisse muette d'extase, je reconnaîtrais ma Mary perdue, ma toujours chère Mary, dont le cœur était chargé de vérité, d'honneur, de constance et d'amour.

Ma Mary, chière ombre disparue ! Oîi est ta place de repos céleste ? Vois-tu ton amant ici-bas prosterné ? Entends-ln les gémissements qui déchirent sa poitrine ^ ?

Et Jane Armour? On peut dire qu'elle est oubliée et quittée ! On voit maintenant combien était périssable la passion qu'elle avait inspirée. Ce n'est pas elle que son mari souhaite revoir, quaud les relations tempo- raires de cette vie seront dénouées et remplacées par des unions éter- nelles. 11 l'a prise et il la laisse ici-bas. Cet amour, tout d'attrait phy- sique, ardent et passager comme la jeunesse, devait mourir avec elle et s'éloigner devant un amour plus spiritualisé. La pauvre Mary a pris sa revanche de celle à qui jadis elle fut sacrifiée.

n.

l'excise. — LE SACRIFICE. — LES FATIGUES.

Au commencement d'août 1789, Burns reçut l'avis officiel qu'il était nommé employé de l'Excise, dans la division rurale au centre de laquelle se trouvait sa ferme. C'était ce qu'il avait demandé. Il croyait pouvoir ainsi combiner ses deux métiers d'enqjloyé et de fermier. Il écrivit à sir Robert Graham , à qui il devait cette nomination , un sonnet de fervente gratitude.

Toi astre du jour ! toi autre lumière plus pâle ! Et vous, nombreuses étoiles brillantes de la nuit ! Si jamais rien efface de ma pensée le bienfaiteur, Ou si je fais jamais honte à son bienfait. Ne roulez plus dans vos sphères errantes

1 To M'-« Dunlop, 13th Dec. 1189.