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En publiant celte chanson, dix ans plus tard, Currie mit en note ces simples mots : « Ces trois honnêtes garçons — tous les trois hommes de talents remarquables — sont maintenant tous les trois sous le gazon *. »

La seconde histoire est plus originale. Si elle ne s'applique pas aussi directement à un acte de Burns lui-même, elle est plus caractéristique de la vie qui se menait autour de lui et dans laquelle il ne pouvait man- quer d'être emporté. Burns était lié avec un gentleman du voisinage, Robert Riddel. Ce gentleman possédait un sifllet, and therehyhangs a taie, comme dit Shakspeare 2. C'était un sil'llet illustre , autour duquel il s'est fait plus de bruit qu'il n'a jamais pu en sortir de lui. Le poète s'est lait l'historiographe de ce précieux objet. « Dans la suite d'Anne de Danemark , lorsqu'elle vint en Ecosse, avec notre James VI , se trouvait un gentilhomme danois , de stature gigantesque , de grande prouesse, champion sans égal de Bacchus. 11 avait un petit sifllet d'ébène qu'il plaçait sur la table au commencement des orgies. Celui qui serait capable de le faire siffler, quand tout le monde serait désemparé par la puissance de la bouteille, devait l'emporter comme trophée de sa victoire. Le Danois exhibait des témoignages de ses triomphes, sans une seule défaite, aux cours de Copenhague, de Stockholm, de Moscou, de Varsovie et à diverses des petites cours d'Allemagne. Il défia les buveurs écossais et les réduisit à l'alternative de reconnaître ses exploits ou de confesser leur infériorité. Maints Écossais furent vaincus. Enfin le Danois se ren- contra avec sir Robert Laurie de Maxwelton , ancêtre du digne baronnet actuel de ce nom, qui, après une rude lutte de trois jours et de trois nuits, laissa le Scandinave sous la table,

Et siffla sur le sifflet son requiem aigu.

Sir Walter, fils du susdit sir Robert, perdit plus tard le sifllet contre Walter Riddel de Glenriddel qui avait épousé une sœur de sir Walter^ ». Ce sifflet était maintenant en la possession du voisin de Burns. Il fut convenu entre lui et deux autres descendants de l'ancêtre glorieux : Ferguson de Craigdarroch et sir Robert Laurie de Maxwelton , alors membre du Parlement pour Dumfries, qu'il y avait lieu de recourir à un nouveau tournoi , pour savoir à qui reviendrait le sifflet d'ébène, le sifflet du géant danois. L'endroit et le jour furent fixés : c'était à Friars- Carse, résidence de Robert Riddel, le seizième jour du mois d'octobre de l'an 1789, que la rencontre devait avoir lieu. Des juges de camp et des arbitres furent désignés, et Robert Burns devait célébrer le vainqueur par une ode triomphale.

1 Currie, Burn's Poems, p. 106.

2 Olhello. Act. m, se. 1.

«^ Notice de Burns en tête de la clianson.