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heureux. Mais, avec un écart aussi faible entre la réussite et la ruine, la partie était bien compromise. Et puis, son cœur n'était plus à cette besogne, ou n'y était plus que par moments ^

Cette vie de fermier n'allait pas sans ses excès. Ceux-ci en étaient alors une partie obligée. Burns y était plus entraîné que d'autres, étant recherché non-seulement par les fermiers , mais par les propriétaires et les nobles des environs. On a, pendant cette année de 1789, deux exemples des coups de boisson qui prenaient place, le plus naturellement du monde, dans cette existence. Le premier est une chanson qui fut com- posée dans des circonstances que Burns rapporte lui-même : « L'air est de Allan Masterton, la chanson est de moi. L'occasion qui la fit naître est celle-ci: M. William Nicol, de la High-School d'Edimbourg, étant à Moffat pendant ses vacances d'été , l'honnête Allan , qui était en ce moment en visite à Dalswinton, et moi, allâmes le voir. Nous eûmes une si joyeuse réunion, que M. Masterton et moi convînmes, chacun sur notre terrain, de célébrer l'affaire 2. » Or, voici ce qu'était cette affaire :

! Wiiie a brassé un demi boisseau de malt,

Et Rob et Allan vioreiit le goûter : Pendant toute cette nuit, trois cœurs plus joyeux Vous ne les auriez pas trouvés dans la chrétienté.

Nous n'étions pas gris, nous n'étions pas très gris.

Nous a\ ions juste une petite goutte dans l'œil ; Le coq peut chanter, le jour peut se montrer,

Toujours nous goûtons la liqueur d'orge.

Nous voici réunis, trois joyeux gars,

Trois joyeux gars sommes-nous ; Et mainte nuit nous avons été gais,

Et mainte encore nous espérons l'ôtre.

C'est la lune, je reconnais sa corne,

Qui luit là-haut dans le ciel ; Elle brille si clair pour nous conduire chez nous ;

Mais, ma parole, elle attendra un peu !

Celui qui se lève le premier pour s'en aller. C'est un cocu, un lâche, un niarontle! Celui qui le premier tombera près de sa chaise Celui-là est le roi de nous trois !

Nous n'étions pas gris, nous n'étions pas très gris, Nous avions juste une petite goutte dans l'œil ;

Le coq peut chanter, le jour peut se montrer, Toujours nous goûtons la liqueur d'orge 3.

-*^ Le Principal Shairp est tout à fait de- cet avis. Voir son étude sur Burns dans les English Men of Lcllers, p. 132-33.

2 Glenriddell Manuscripl.

3 Willie brew'd a peck 0' maul.