Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/377

Cette page n’a pas encore été corrigée

^.366-

A ces excuses, Glarinda répond, avec raison, qu'il ne doit pas reculer une lettre parce qu'il n'a pas le temps de la soigner. Elle sait assez ce dont il est capable et deux lignes lui « auraient épargné des jours et des nuits d'inquiétude ^ » Ses lettres à elle sont, au contraire, pleines d'un sentiment vrai. Elles deviennent plus simples. Elle lui raconte la tristesse qui est tombée sur sa vie depuis qu'il est parti. Elle s'est retirée dans l'isolement, où l'on est bien avec une chère pensée. « J'ai été solitaire depuis notre tendre adieu jusqu'à ce soir ^. » Tout lui semble délaissé. « Je pense que les rues ont uu air tout désert depuis lundi ; et il y a une certaine insipidité dans de bonnes gens, dont la société me plaisait naguère ^. » Elle cherche les occasions de parler ou d'entendre parler de lui. « Hier, je pensais à vous et je suis allé chez Miss Nimmo pour avoir la douceur de parler de vous ^. » Elle s'inquiète de le savoir en proie aux hospitalités dont il lui fait le tableau ^ Elle n'est pas sans appréhensions et sans jalousies. « Quand vous verrez de jeunes beautés, pensez à l'affection de Glarinda et combien son bonheur dépend de vous ^. » Elle a, quand elle pense à lui, des coups subits d'émotion. « Hier matin, il m'arriva de penser à vous. Je me chantai : ma Jolie Lizzie Baillie et je me mis à rire ; mais je sentis mon cœur se gonller délicieusement et mes yeux furent noyés de larmes. Je ne sais si votre sexe ressent quelquefois cette explosion d'affection. C'est une émotion indescriptible. Vous voyez que je suis devenue sotte depuis que vous m'avez quittée. Vous savez que j'étais raisonnable quand vous m'avez connue d'abord ; mais je deviens toujours plus extravagante plus je suis loin de ceux que j'aime. Bientôt je suppose que je perdrai tout à fait la tête^. » Toute la mouvante psychologie des femmes dont le cœur est préoccupé de l'absent et tour à tour se travaille d'inquiétudes et se nourrit de souvenirs, est là, gentiment, franchement et simplement exprimé. Au-dessus de ces sentiments qui n'ont rien d'extraordinaire, on trouve un aveu qui est peut-être la chose la plus profonde et la plus sincère de cette correspondance. Cet amour lui a fait prendre une plus haute idée et un plus grand soin d'elle-même. H semble qu'il y ait eu en elle un peu de coquetterie ou de laisser-aller. Elle l'avoue, et aussi elle dit qu'elle en est guérie. « Je crois vraiment que vous m'avez enseigné la dignité ; en partie par bonté de nature, en partie par suite de mes malheurs, je l'avais trop négligée. Je ne m'en départirai mainte- nant jamais plus. Pourquoi ne la maintiendrais-je pas droite, moi qui suis admirée, estimée, aimée par un des premiers entre les hommes ^. » 11 y

1 To Sylvander, Sth March 1788.

2 To Sylvander, 22ud Feb. n88.

3 To Sylvander, 19tti Feb. 1788.

4 To Sylvander, Sth March nSS.