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frappant un bouclier. C'est un fragment de Tyrtée. Cette pièce est devenue pour les Écossais une sorte de Marseillaise.

En sortant du champ de bataille de Bannockburn, Burns arriva à Stirling, dans l'après-midi de la même journée, tout vibrant de patrio- tisme. Aucun lieu n'était plus propre à augmenter ces dispositions, car aucun ne fait revivre davantage l'ancienne Ecosse, dans ses annales guerrières et son existence nationale. Stirling est une réduction d'Edim- bourg, ou plutôt c'est Edimbourg elle-même dans ses commencements. Elle est formée de la même manière exactement : un château-fort bâti sur un roc énorme, isolé dans la plaine, à pic de trois côtés, et, sur un dos de terrain descendant du rocher, une longue rue qui se répand et s'accroche aux deux pentes. Elle n'a pas l'apparence gigantesque et dominatrice de sa grande sœur de l'embouchure du Forth ; mais elle est d'un pittoresque très fier et très martial. Au lieu de remplir et d'écraser tout l'horizon, elle y figure seulement et l'élargit plutôt ; ce n'est pas la reine imposante « sur son trône de rochers », mais un chevalier errant qui, dans les lignes brusques et heurtées de son armure, traverse la plaine.

Ses annales n'ont pas la profondeur de vie religieuse et littéraire d'Edimbourg. Elles n'émanent pas d'elle-même, comme dans celte grande ville oii, de la fournaise d'une population ardente, sortaient les événe- ments et coulait l'histoire. Elles proviennent de sa situation , car elle est la clef des Hautes-Terres ; les faits dont elle garde la mémoire se sont passés plutôt à propos d'elle et autour d'elle que par elle. Mais elles ont un caractère particulier, et si elles sont moins populaires, elles ont un tour plus chevaleresque et plus royal. Stirling fut pendant longtemps le siège de la royauté. Alexandre I y mourut en 1124, et Guillaume le Lion en 1214- Surtout elle fut la ville des Stuarts. C'est là que vécut Jacques I, le roi-poète, l'élève de Chaucer ; Jacques II y naquit ; Jacques III en fit sa résidence favorite ; Jacques IV, qui devait périr avec la lleur d'Ecosse sur le fatal champ de Flodden , y naquit en 1474; Jacques V, le père de Marie Stuart, y passa presque toute sa vie ; Marie Stuart y fut couronnée ; c'est là que Darnley lui fit sa cour ; et c'est là aussi que Jacques VI, leur fils, fut proclamé roi à l'âge de treize mois , puis élevé sous la rude discipline du célèbre Robert Buchanan , tandis que sa mère songeait à lui dans sa prison. C'est à Stirling que les Stuarts ont laissé le plus de traces de leurs goûts artistiques, et placé les quelques édifices que les troubles de leurs règnes et la pénurie de leurs coffres leur permirent de bâtir. Jacques III y fit cons- truire la salle du Parlement et une chapelle royale, qui fut reconstruite par Jacques VI. Ce palais, d'une richesse excessive et barbare, est l'œuvre de Jacques V.* II avait épousé deux françaises : Madeleine, fille de Fran-

1 Sur les souvenirs historiques de Stirling et les constructions, voir Shcarer^s Guide to Stirling.