Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

- 2«7 -

furibonde pour lever la main sur cet être inoffensif. Dans sa tranquille mansuétude , le docteur Adam était prêt à pardonner à Nicol ; il lui écrivit pour lui rendre des excuses faciles ^ Buté dans sa dure opiniâtreté, Nicol refusa et dut quitter l'Ecole. Il gagna sa vie à donner des leçons de latin et à traduire en latin les thèses des étudiants en médecine. Il niourut en 1797 des suites de son intempérance habituelle. Tel était le compagnon de voyage de Burns. « Qu'un homme se garde de tenir compagnie avec des personnes colériques et querelleuses , car elles l'engageront dans leurs propres querelles » dit Bacon dans son Essai sur les Voyages. Burns était mal tombé ; il se comparait lui-même, avec Nicol à ses côtés, à un homme qui voyagerait avec un tromblon chargé et armé ^. Nicol , avec l'amour du paradoxe , le dénigrement et le mécontentement qui se trouvent chez les gens de son espèce et qui ne sont que les diverses provenances d'un orgueil aigri, était un jacobite fougueux ^. C'est un point à noter, car il contribua peut-être à la physionomie et aux résultats du voyage.

Les voyageurs se mirent en route le samedi 25 août 1787. Ils partirent dans une chaise de poste qu'ils avaient louée. C'était une mauvaise condition pour un voyage de ce genre ; mais il est probable que le professeur Nicol n'était pas un cavalier fort habile. L'itinéraire, qui s'en allait vers le Nord par Stirling, Crieff, Kenmore, Blair-Athole, remontait jusqu'à Inverness , puis, tournant par Elgin , Macduff et Aberdeen , redescendait le long de la côte de la mer du Nord par Stonehaven, Montrose, Arbroath et Dundee, prenait par Perth et Kinrosset rentrait à Edimbourg en traversant le Forth. Il est inutile de suivre Burns à travers tous les détails de son voyage, bien que le journal qu'il en a tenu permette de le faire. Il suffit d'en dégager les impressions qu'il y a rencontrées, celles qui ont pu être des acquisitions pour son esprit , de voir ce qu'il en a rapporté de poésie.

A sa sortie d'Edimbourg, la route que les deux voyageurs suivaient entre dans une région semée de souvenirs historiques. Burns en fut dès les premiers pas saisi. Quelques heures seulement après le départ, il aper- çut les ruines du château de Linlithgow, l'ancienne résidence de la royauté écossaise. Avec ses tours démolies, ses pignons ébréchés, ses murailles sans toiture et trouées de baies vides, sa fontaine délabrée au milieu du quadrangle envahi par l'herbe , son air d'écroulement et sa situation sur le promontoire d'un petit lac solitaire assombri par des bois, il est d'une imposante mélancolie. Burns s'y arrêta. Il voulut voir la grande

1 R. Clumbers, loin II, p. 201, en noie.

2 W. Chambers, tom II, p. 20l.

3 Lettre du D>' Adair à Currie.