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qui arriva à Biirns. Pendant ces jours désemparés, il revit Jane Arinour. Ce qu'elle fut envers lui, il n'est peut-être pas difficile de l'imaginer: à moitié confuse de sa conduite, un peu froide, avec cette réserve enga- geante que les plus simples savent trouver, et surtout avec ces aveux, cette reconnaissance de ses torts, ces accusations de soi-même, qui prennent les devants sur les reproches et les laissent désarmés, gauches, presque gênés. Du côté de lîiirns, il pouvait y avoir quelques tracés de la pre- mière affection et, sous des frémissements de l'ancienne colère, l'attrait mal détruit des rencontres d'autrefois, je ne sais quelles ohscures et pro- fondes réminiscences des sens, qui coulent mélangées au sang lui-même. Mais que de motifs il avait pour écraser ces sollicitations du passé ! Il avait été abandonné par cette femme ; il devait la trouver moins sédui- sante, car son idéal féminin s'était modifié ; il était incertain du lende- main puisqu'il parlait encore de la Jamaïque ' ; il avait besoin de toute sa liberté. Il eût vaincu peut-être les tentations d'un moment, s'il les avait rencontrées l'âme saine et nette. Mais il portait en lui un esprit de défi et d'insouciance, je ne sais quelle hardiesse désespérée, un besoin de tout braver, de tout risquer, avec un « Bah ! qu'importe! », peut-être même la pensée mauvaise d'une revanche et le désir d'avoir le dernier mot. Les rencontres d'autrefois recommencèrent, sans la sincérité de la passion d'un côté, sans l'excuse de l'ignorance de l'autre, et des amours reprirent, diminuées, avec les arrière-pensées, les gênes soudaines, les souvenirs qu'on voudrait chasser, les paroles arrêtées au bord des lèvres et trop comprises sans avoir été dites, les réticences, et l'intolérable sentiment d'un passé meilleur, toutes les misères des passions déchues.

Il est hors de doute que ses nouvelles relations avec sa maîtresse n'étaient qu'une œuvre de légèreté, d'oisiveté ou de jeu dangereux. Juste en même temps, il s'amusait à une autre intrigue dont il parlait d'un ton presque grossier et cynique.

J'ai peur d'avoir détruit une des sources, à dire vrai, la principale source de mou bonheur ancien, à savoir cette éternelle propensité, que j'ai loujours eue, à tomber amoureux. Mon cœur n'est plus embrasé d'extases (iévreuses, je n'ai plus d'entrevues du soir dignes du paradis, dérobées aux soins continuels et à la curiosité des habitants de ce bas monde plein de lassitude. J'ai seulement. . . Cette dernière, qui est une de vos connaissances éloignées, a une jolie tournure et des manières élégantes, et, en accompagnant des personnes de haut ton que vous connaissez, a vu les parties les plus policées de l'Europe. J'ai pour elle assez d'affection, mais ce qui m'a piqué est sa conduite au commencement de nos relations. Je lui faisais souvent visite lorsque j'étais à (Edimbourg) et, après avoir franchi régulièrement tous les degrés intermédiaires entre la salutation lointaine et cérémonieuse et l'étreinte familière autour de la taille, je me risquai, selon ma manière insouciante, à parler d'amitié en termes assez

1 To James Smith , Utii June, nsi.