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ments, secousse ou inertie, qui rompent ou relâchent une suite mal engagée de sentiments. Il était parti d'Edimbourg dans un mauvais état moral : aigri, mécontent et, sans qu'il sût très nettement à quel propos, portant en lui un amas de colère. Il n'y a pas de meilleur remède, à ces maladies d'un cœur enfermé en soi-même, qu'un de ces voyages qui aèrent l'esprit et en renouvellent l'atmosphère. Quelques semaines de solitude dans la souveraine tranquillité des choses, quelques-unes de ces journées qui font descendre en nous une paix fraîche — et il avait connu de ces journées-là — lui auraient été doublement salutaires. Car leur bienfait est double : tandis que la grandeur des spectacles, en se développant autour de nous, rapetisse les plus vastes aventures humaines, et réduit nos propres agitations à un frémissement de bouleau ; cette inévitable pacification se fait à travers un calme physique ou plutôt commence par lui et gagne le dedans ; et le corps de Burns, surmené par un hiver d'excès, avait autant besoin de repos que son esprit. Que si le loisir lui avait fait défaut pour un refuge prolongé dans la Nature, un peu de curiosité pour cette ancienne poésie partout semée, le fait de vivre parmi des drames, d'écouter des accents d'autrefois, lui auraient permis de se déposséder de son propre cœur pendant quelques jours, lui auraient procuré, selon l'expression théologique, cette désoccupation de soi-même qui lui était devenue nécessaire. Il aurait apporté une âme disposée à recevoir d'autres impressions, sur un fond sinon renouvelé, du moins déplacé. Il y aurait eu interruption entre les anciennes blessures et les nouvelles, s'il devait en subir ; de façon à ce que les souffrances ne se posassent pas aux mêmes endroits. Faute de cet intervalle, il va rentrer chez lui avec un cœur exaspéré, disposé à croire au mal, exercé à le découvrir, et il est à craindre que certaines vulgarités ne froissent des places encore endolories et ne les enflamment.

Après avoir parcouru le pays des Borders , il se dirigea vers l'ouest en suivant la frontière sur le sol anglais , il traversa Carlisle et arriva à Dumfrics, où il rencontra son futur propriétaire. Il visita plusieurs fermes sans prendre de résolution. « J'ai été avec M. Miller à Dalswinton et je dois le revoir en août. D'après ce que j'ai vu des terres et la façon dont il m"a reçu , mes espérances de ce côté sont plutôt améliorées ; mais elles ne sont encore que bien minces'. » Les résultats pratiques du voyage n'étaient pas beaucoup meilleurs que les résultats poétiques.

RENTRÉE ET SÉJOUR A MOSSGIEL. — RETOUR A EDIMROURG.

En quittant Dumfries, il tira pays du côté du Nord, vers l'Ayrshire. La roule qui remonte la vallée de laNith, par Sanquhar, suit la déchirure

1 To Wima!nNicol, 18th June ^8^.