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tour, Berwick avec son air de forteresse, Melrose où la vallée de la Tweed s'élargit, et Jedburgh sur sa basse éminence dominée par sa tour conventuelle , passent presque inaperçues. « Déjeuné à Kelso , charmante situation de Kelso, beau pont sur la Tweed, vue et perspectives enchanteresses des deux côtés de la rivière, particulièrement du côté écossais* ». — « Charmante situation romantique de Jedburgh, avec des jardins, des vergers, mélangés aux maisons, belles vieilles ruines, une cathédrale jadis magnifique et un chàteau-fort. Toutes les villes ici ont une apparence de vieille et rude grandeur, mais les habitants sont extrêmement paresseux ^. » Ce passage est de beaucoup le plus explicite et il a de la justesse de coup d'oeil. On sent que le souci d'observer et l'attention seuls ont fait défaut. A quelques milles de là, il visite ce coin renommé de pays où, dans des paysages éclatants alors des frondaisons de mai, se trouvent les vieilles abbayes du roi David ; la massive abbaye de Dryburgh, si calme dans sa péninsule boisée, et cette merveilleuse abbaye de Melrose, si exquise, si fine, si parfaite et d'un travail si achevé dans sa pierre d'un rouge pâle. C'est elle qui devait, à quelques années de là, faire écrire à Walter Scott ses plus beaux vers^. Voici tout ce que ces nobles architectures inspirent à Burns : « visité Dryburgh, une ancienne belle abbaye ruinée , traversé la Leader et remonté la Tweed jusqu'à Melrose , y dîne et visite cette ruine glorieuse et au loin renommée * ». Les endroits rendus célèbres par les ballades et les chansons ne ressortent guère davantage. Bien de ce qui est spécial à cette région , rien du charme des sites ou des souvenirs n'y apparaît.

En revanche on y trouve, pressés les uns contre les autres, une quan- tité de coups de crayons, de petits croquis, de portraits en une ligne, rendus par une épithète ou deux, de toutes les personnes avec lesquelles il se trouva en rapports pendant ces quelques semaines. C'est un point intéressant et nous verrons les indications qu'on peut en tirer sur les préférences et les préoccupations de l'esprit de Burns. Mais ces observa- tions humaines eussent pu être faites aussi bien à Edimbourg ou partout ailleurs ; elles ne rentraient pas dans l'objet de son voyage.

De beaucoup la plus large place en ces pages est prise par de vulgaires récits d'amourettes , pas même d'amourettes, d'intrigues ébauchées , de flirtages d'une demi-journée. C'est presque uniquement un jeu égoïste qui s'amuse, pour la distraction d'un soir, à jeter un peu de trouble dans le cœur et le souvenir de petites provinciales éblouies. Il sait qu'il ne les

1 Tuesday 8lli Muy.

2 Wednesday 9th.

3 On connaît le passage célèbre de Walter Scott sur Melrose , au début du chant n du Lay of tfie Last Minstrel.

4 Sunday 13th.