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je suis bien impropre, faire des pèlerinages tranquilles à travers la Calédonie, ra'asst'oir sur ses ctiamps de bataille, errer sur les rives romantiques de ses rivières et songer près des tours majestueuses ou des ruines vénérables , jadis séjours honorés de ses héros.

Mais ce sont là des pensées chimériques. J'ai joué assez longtemps avec la vie. J'ai une chère, une vieille mère à qui pourvoir, et d'autres liens du cœur, peut-être aussi tendres. Quand l'individu seul souffre des conséquences de sa propre étourderie, indolence ou folie, il peut être excusable. Il y a plus: de brillants talents et quelques- unes des plus nobles vertus peuvent à moitié sanctifier un caractère insouciant. Mais quand Dieu et la nature ont confié à ses soins le bien-être des autres, quand le dépôt est sacré et que les liens sont chers, l'homme (que ces liens ne pousseraient pas au travail) doit être enfoncé bien avant dans l'égoïsme, ou étrangement égaré loin de la réflexion i. « 

On voit d'après cela qu'il vivait toujours dans l'indécision. Il nour- rissait vaguement le désir d'être un poète national. Il semble même qu'il s'y glissât en lui une idée d'être délivré de la routine des affaires. Comme il était à prévoir, ce projet plusieurs fois écarté finit par triompher à la fin d'avril. Il annonce au D'"Moore ^ qu'il va faire quelques pèleri- nages sur le sol classique de la Calédonie, et, au commencement de mai, il se prépare à retourner en Ayrshire en suivant les Borders. A cet effet, il acheta à Edimbourg une jument qui deviendra une figure familière de son histoire. Il l'appela Jeuny Geddes. C'était le nom de la vieille marchande d'herbes, de la vieille virago de St-Giles. La Jenny Geddes de Burns semble avoir été d'un tempérament moins irascible ; elle vécut amicalement avec son maître pendant des années.

II.

L'ÉTÉ DE -1787.

LE VOYAGE DES BORDERS.

Tl quitta Edimbourg le 5 mai 1787, en compagnie d'un de ses nou- veaux amis, Robert Ainslie, dont le père était fermier dans les environs de Dunse. Son intention était de s'en retourner à Mossgiel, en parcou- rant le pays qui s'étend, de Berwick à CarlisIe , le long de la frontière anglaise, et qui est si connu dans la poésie et l'histoire d'Ecosse sous le nom de Borders. Il voulait taire , disait-il , « quelques pèlerinages sur le sol classique de la Calédonie ». Il se proposait, sans doute, d'y

1 To Mrs Dunlop, 22nd March 1787.

2 To Dr John Moore, 23r'l April 1787.