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système d'éducation pour tous devenait une nécessité. » Une école devait être attachée à chaque église et les parents qui n'avaient pas le moyen de mettre leurs enfants à l'école devaient être assistés sur les fonds de l'église *. Le clergé réformé poussait dans ce sens. En 1616, un acte du Conseil Privé portait qu'il y aurait une école dans chaque paroisse du royaume, sous la surveillance de l'évêque". Enfin, en 1696, parut le statut qui créa définitivement le fameux système connu sous le nom des « Ecoles Paroissiales ». Il portait que, dans chaque paroisse, l'entretien d'une école devenait ud impôt de la propriété foncière. Le salaire du maître d'école devenait une charge à l'égal du traitement du ministre. Les propriétaires fonciers devaient également fournir au maître d'école une maison convenable ^.

Dès lors, dans chaque paroisse , les pauvres purent être instruits. Humble enseignement, sans doute, donné souvent dans des masures, par des ignorants. Mais qu'importe? Le peuple avait la soif de la science qui, pour l'énergie et l'activité de la vie, vaut mieux, vaut mille fois mieux que la possession et la satiété de la science. Maîtres et élèves enseignaient, apprenaient du mieux qu'ils pouvaient; la bonne volonté va loin en tout. Dans presque toutes les chaumières, à la lumière du feu de tourbe, car on ne brûlait guère de houille alors et les collines écossaisses n'ont le plus souvent que des taillis, on lisait avidement; on se passait les quelques livres qu'on pouvait avoir, souvent des livres de théologie ou des recueils de sermons ; on discutait l'orthodoxie, la doctrine du ministre , parfois avec une éloquence ou une perspicacité natives, toujours avec une ténacité d'argumentation caractéristique de la race. Tandis que les villes des autres pays étaient encore des bas-fonds d'ignorance croupissante, le voyageur qui passait dans le plus miséiable clachan écossais s'émerveillait d'y trouver des germes et parfois des fleurs singulièrement épanouies de vie intellectuelle. Il y a de cette surprise un exemple bien probant. Dans le voyage que Wordsworth fit avec Coleridge eu Ecosse, un peu après cette époque, et dont le charmant journal a été publié récemment, on trouve des inq)ressions comme celles-ci : « Nos petits gars avant d'être loin furent rejoints par une demi-douzaine de leurs compagnons, tous sans souliers ni bas. Ils nous dirent qu'ils demeuraient à Wanlockhead, le village là-haut, qu'ils montaient au sommet de la colline ; ils allaient à l'école et apprenaient le latin, Virgile, et quelques-uns d'entre eux le grec, Homère ; mais quand Coleridge commeuça à les questionner plus avant, vite, ils s'enfuirent , pauvres petits ! Je suppose qu'ils avaient peur d'être

1 John Mackintosh. The History of Civilisation in Scolland , chapitre xv, tome II, page 140. — Tytler. History of Scotland, tome III, p. 131. — Chambers. Domestic Annals of Scolland, vol. III, p. 151.

2 Chambers. Id. tome I, p. 4"9. Voir aussi tome II, p. 138.

3 Hill Burton. The Hislory of Scolland, chap. lxxxv, tome VIII, page "72.