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Elle comptait en 1786 des hommes comme Alexander Fraser Tytler, un historien distingué qui a laissé des Eléments (Tliistoire générale ; Charles Hope, un orateur puissant, qui « avait la plus admirable voix, pleine, profonde et distincte, dont le soupir même s'étendait sur une ligne de mille personnes.... une voix qui n'était surpassée que par celle de Mrs Siddons, laquelle venue directement du ciel et digne d'y être écoutée, était la plus noble qui ait jamais frappé l'oreille humaine *. » Il y avait Maconochie, qui avait voyagé par toute l'Europe et possédait la plupart des langues européennes ^, « penseur indépendant et original et d'un savoir considérable ; ses connaissances embrassaient tous les sujets, loi, science, histoire, littérature, et par conséquent étaient peut- être plus variées que précises ; sous son labeur incessant, ses renseigne- ments s'accumulaient d'heure en heure. J'avais l'habitude de faire les tournées avec lui et il me semblait également à son aise eu théologie, ou en agriculture, ou en géométrie, ou lorsqu'il examinait une montagne, ou démontrait ses erreurs à un fermier , ou réfutait les dogmes d'un clergyman, bien que de toutes ses occupations cette dernière fut peut- être celle qui lui procurait le plus de plaisir ^ ». Il y avait Miller, un des hommes les plus cultivés et les plus remarquables de son temps « profond et original en mathématiques * » ; il y avait Craig, Bannatyne, qui, avec Tytler et sous la direction de Mackenzie, écrivaient dans le Lounger et le Mirror. Craig, qui fut plus tard membre de la Cour de session, allait se trouver mêlé à l'histoire de Burns. Mais la gloire du barreau, « le plus brillant ornement de la profession ^ » dit lord Cockburn, était alors l'éloquent, le spirituel, le charmant, le populaire et généreux Henry Erskine. C'était un grand et irrésistible orateur, d'une parole si riche de beautés classiques, si enjouée, si spirituelle, si claire, si copieuse, si légère et en même temps si sérieuse. « Tout sou esprit était un argument, et chacune de ses exquises comparaisons était un pas dans son raisonne- ment » dit Jeffrey ^. « Sa gaîté légère était toujours un instrument d'argu- mentation, il raisonnait en esprit '» ditlordCockburn.il était aussi célèbre pour son esprit que pour son éloquence. Aux réunions matinales chez le libraire Creech, on apportait le dernier mot de Henry Erskine, toujours piquant et cependant avec quelque chose qui le rendait inoffensif ^. C'est lui qui, aprèsavoir été présenté auD'Johnson lequel, bourru brutal, comme

1 Lord Cockburn. Meinorials, p. 141.

2 Edinburgh Review, N" 321, p. 240. >> Lord Cockburn. Memorials, p. 124. 4 Edinburgh Review, N" 321, p. 240. ^ Lord Cockburn. Memorials, p. 81.

6 A voir l'extrait de Jeffrey, dans le Biographical Diciionary of Eininent Scolsmcn. ' Lord Cockburn. Life of Jeffrey, p. 88. 8 Lord Cockburn. Memorials, p. 149,