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appartient au même rang qu'Aristote, Harvey et Bichat et est un peu supérieur soit à Haller soit à Cuvier ^ ». Mais malgré ces pertes et ces défections, on admirait, de quelque côté qu'on se tournât, une réunion merveilleuse et unique d'illustrations de tous genres.

L'Université était dans une période admirable d'éclat 2. Le Principal était William Robertson, le fameux historien; il avait déjà publié ses trois grandes histoires de l'Ecosse, de Charles-Quint et de l'Amérique. Il jouissait paisiblement de sa renommée et de sa grande influence dans le clergé et dans la société d'Edimbourg. Il continuait à prêcher le dimanche ses éloquents sermons , car plusieurs des professeurs de l'Université étaient en même temps pasteurs ou avocats, et exerçaient leur talent dans des fonctions différentes. Le professeur de Belles- Lettres et de Rhétorique était Hugh Blair , également clergyman, qui avait publié ses sermons corrects et châtiés, un des ouvrages les plus lus de la littérature religieuse du xviii^ siècle. 11 venait de publier ses célèbres lectures sur les Belles-Lettres, dont le succès se répandit assez loin pour que, presque un siècle après, ce fût encore un livre de distribution de prix dans un collège français. Ce fut le manuel universel de rhétorique, jusqu'aux livres de Whately et de Bain. C'était Blair qui avait présenté au public les poèmes d'Ossian. Il était le grand maître de la critique littéraire en Ecosse et un mot de lui recommandait un ouvrage ou un auteur. Dugald Stewart, abandonnant sa chaire de mathé- matiques , venait d'être nommé professeur de philosophie morale. Il n'avait pas encore entamé ses publications philosophiques ; le premier volume de sa Philosophie de l' Esprit humain est de 1792. Mais il commen- çait ses conférences admirables de clarté, d'éloquence et d'élévation morale, qui ont fait de lui un des grands modeleurs d'âmes de son temps. « Pour moi, ses lectures furent comme l'ouverture du ciel. Je sentis que j'avais une âme. Elles changèrent ma nature entière ^ » dit lord Cockburn, qui fut un des élèves de ses premières années. « Dugald Stewart , ajoute-t-il, fut un des plus grands orateurs didactiques '* . » Mackintosh disait que la gloire particulière de l'éloquence de Stewart était d'avoir « inspiré l'amour de la vertu à des générations entières d'élèves ^. » Il fut un incomparable professeur. C'était avec cela un des plus honnêtes et des plus accomplis gentlemen de son temps ; il semble avoir

1 Burkle. Hislory of Civilization in Englund, tom. III, p. 429.

2 Pour l'Université voir The Histort/ of Edinburgh , de Hugo Arnot, Book m, chap. m. — The Slory of Ihe Universilt/ of Edinburgh, by Sir Alexanrler Gninl. — Edinburgh Universily, a sketch of ils Life for 300 i/eors. publié par James Gemmell. — The Universily of Edinburgh, by the late Principal Lee — et un petit livre intitulé : Viri Illustres ACAD. JACOB. SEXT. SCOT. KEG. ANNO CCCMD, publié en 1884.

3 Lord Cockburn. Memorials, p. 22.

4 Id. p. 23.

^ Life of Francis Jeffrey, by lord Cockburn, p. 49.