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celle-ci, pour je ne sais quel hérissement menaçant de contreforts et de bastions.

Là guettant de haut les moindres alarmes,

Ton âpre, rude forteresse brille au loin,

Comme un hardi vétéran, blanchi dans les armes,

Et marqué, déchiré de mainte cicatrice.

Les murs lourds, aux barres massives.

Farouches, debout sur le roc abrupt,

Ont souvent soutenu les assauts de la guerre

Et souvent repoussé le choc de l'agresseur i.

Mais sa véritable émotion fut en arrivant devant Holy-Rood. Son patriotisme un peu attardé et populaire, l'espèce de fierté qu'il prenait à croire que ses ancêtres avaient combattu dans la Rébellion de 1745, la pitié qu'inspire la fortune des Stuarts, lui soulevèrent le cœur d'enthousiasme :

Avec des pensées frappées de terreur, des larmes de pitié,

Je contemple ce noble, majestueux palais,

On. en d'autres temps, les rois de l'Ecosse,

Héros fameux ! avaient leur royale demeure ;

Hélas I Combien changés les temps futurs !

Leur nom royal tombé dans la poussière !

Leur race infortunée errante, sombre, exilée !

Bien qu'une loi rigide crie : " Cela était juste ! "

Farouchement mon cœur bat de voir vos traces ,

Vous dont les ancêtres, au temps jadis,

A travers les rangs ennemis et les broches croulantes,

Portèrent le lion sanglant de la vieille Ecosse :

Et moi-même qui chante en accents rustiques.

Peut-être mes aïeux ont quitté leur chaumière

Et affronté le rude rugissement et le visage affreux du Danger,

Suivant hardiment par oîj vos pères menaient *.

Mais, ce ne fut pas tout ce qu'il ressentit. Autour de Holyrood, il rencontra l'ombre de Marie Stuart ; elle y erre et tend sa main à baiser aux poètes, cette main qui était à elle seule une séduction, cette « longue, grêle et délicate main ^ «, qui rendit Brantôme poète, lorsqu'il parlait de « cette belle main blanche et de ces beaux doigts si bien façonnés qu'ils ne devaient rien à ceux de l'Aurore 8». Burns la baisa et fut séduit. Il devint, à partir de ce moment, un des partisans de l'irrésistible reine. I' prit tout naturellement parti pour elle ; la considéra comme injustement persécutée : « Vu la chambre oii la belle offensée Marie, reine

1 Address to Edinburgh.

2 Ronsard. Regret, a Marie Stuart.

3 Brantôme. Marie Stuart,