— 176 —
apercevant Edimbourg ^ Même pour les esprits en qui l'excessif ne pénètre pas aisément, l'impression est celle d'une grandeur imposante.
La majestueuse Edimbourg sur son trône de rocs ^
dit Wordsworth. Et Ruskin écrit qu'il ne connaît qu'une seule cité de plus noble situation qu'Edimbourg s. On peut imaginer l'effet que dut produire cette apparitionsur un bomme comme Biirns, qui n'avait jamais visité de plus grande ville qu'Ayr ou Kilmarnock, On verra qu'il sut en saisir tout de suite le caractère dominant.
Quand on s'était dégagé de la première confusion et que l'œil commen- çait à classer ce qui l'avait frappé, on voyait que la ville se composait principalement d'une longue rue sinueuse, irrégulière, rapide, bâtie sur l'écbine abrupte d'un long dos de terrain, qui descend du rocher jusque dans la plaine et qui a fait comparer la ville à un dragon. A droite et à gauche, sur les deux parois de l'arête centrale, dévalaient les ruelles obscures, profondes et escarpées qu'on appelait des wynds ; leur enche- vêtrement était inextricable. Mais cette rue unique se termine à une de ses extrémités par le château d'Edimbourg et à l'autre par le palais d'HoIyrood. Et entre ces deux monuments que de spectacles et de sou- venirs ! Walter Scott dit que l'histoire d'Edimbourg serait l'histoire abrégée de l'Ecosse ^. On peut ajouter que l'histoire de la High street serait l'histoire d'Edimbourg. C'est dans cette rue que se sont accomplis ses grands événements et qu'ont passé ses grands personnages. On rencontre à chaque pas la trace des drames politiques et religieux d'autrefois. Descendre cette rue, c'est parcourir les annales de l'Ecosse. Et au moment oti Burns visite la vieille ville, ces souvenirs sont encore complets, car aucun des vieux bâtiments qui les font vivre n'a été démoli. •
Tout au haut, sur son formidable piédestal de basalte ^, est le château éprouvé par tant de sièges, battu par les catapultes d'Edouard et par les boulets de Cromwell. Au-dessous, ce sont le palais de Marie de Guise, la reine-régente, la mère de Marie Stuart, les vieilles résidences des ducs d'Argyle, des ducs de Gordon, des comtes de Cassilis et de Leven et de cent autres *. Plus bas, cet édifice vermoulu, menaçant et hideux, avec ses deux tourelles et ses fenêtres grillées de barreaux de fer, c'est la vieille
^ Ballingal's. Edinburgh Past and Présent. Chap. i, par John Gilfillan.
2 Cité par Gilfillan, dans Edinburgh Past and Présent., chap. i.
3 l^uskin. Lectures on architecture andpainling. Lecture i, au début.
4 Walter Scott. Provincial anliquities of Scolland; General account of Edinburgh.
=> La pierre est du diorite basaltique. Voir Hugh Miller. Edinburgh and its Neighbour- hood. Lecture ii, p. 55.
^ Old and Nciu Edinburgh, hy James Grant, tom I, chap ix. — Chambers. Tradi- tions of Edinburgh, p. 29 et 32.