— 149 —
Vous tous qui vivez en vidant les verres,
Vous tous qui vivez en rimant les vers,
Vous tous qui vivez sans jamais réfléchir.
Allons, pleurez avec moi ;
Notre camarade nous fausse compagnie
Et va par delà les mers.
Pleurez-le, ô troupe joyeuse ,
Qui chèrement aimez, par ci par là, une bordée ;
Il ne se joindra plus aux éclats joyeux,
Dans le ton sociable ;
Car il est parti pour un autre rivage ,
Par delà les mers.
Les jolies filles peuvent bien le pleurer ,
Et dans leurs plus chères prières le placer,
Les veuves, femmes, toutes peuvent le bénir
D'un œil plein de larmes ;
Car je sais bien qu'il leur manquera beaucoup,
Par delà les mers.
Il vit le froid nord-ouest du malheur
Longuement rassembler une amère rafale ;
Une coquette enfin lui brisa le cœur,
Malheur lui en advienne !
Alors , il prit passage, devant le mât.
Par delà les mers.
Trembler sous le gourdin de la Fortune,
N'avoir que peu d'eau et de farine pour s'emplir le ventre,
- Avec son humeur fière, indépendante,
S'accordent mal ;
Alors, il se roula les fesses dans un hamac.
Par delà les mers.
Gens de la Jamaïque, traitez-le bien,
Trouvez-lui un bon abri confortable,
Vous trouverez en lui un bon garçon
Plein de joyeuseté ,
Qui ne voudrait pas faire mal au diable.
Par delà les mers.
Adieu ! mon camarade, faiseur de rimes ,
Votre sol natal fut de mauvais vouloir.
Biais puissiez-vous fleurir comme un lis
Maintenant et prospérer !
Je boirai mon dernier gobelet à votre santé,
Par delà les mers^.
Mais il était incorrigible. En même temps que son esprit reprenait un peu de calme, il reprenait sa veine de galanterie, séduit au point de
^ On a Scotch Bard gone lo Ihe west Indien.