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fortifie. On en saisit très bien les progrès. Dans la première EpUre à Lapraik, écrite au commencement d'avril de cette mémorable année de 1785, elle reparaît, modeste encore. Cependant Burns n'est plus qu'à deux doigts de se donner à lui-même le nom de poète :
Je ne suis pas poète en un sens,
Mais juste un rimeur, comme cela, au hasard,
Et sans prétendre à la science ;
Et, après tout, qu'importe I
Chaque fois que ma muse me fait une œillade,
Je la fais tinter.
Tous vos critiques peuvent hausser le nez
Et dire : « Comment pouvez-vous prétendre.
Vous qui connaissez à peine vers de prose,
A écrire une chanson ? »
Mais, avec votre permission, mes savants amis,
Vous avez peut-être tort.
Qu'est tout votre jargon de vos écoles,
Vos noms latins pour cuillers et tabourets?
Si l'honnête nature vous a créés sots,
Que vous servent vos grammaires ?
Vous auriez mieux fait de prendre une bêche, des outils,
Ou un marteau à casser les cailloux.
Une troupe d'imbéciles ternes et pédants
Se brouillent la tête aux classes de collège ;
Ils y entrent veaux, ils en sortent ânes,
A dire la vérité,
Et puis ils pensent grimper le Parnasse,
Au moyen du Grec.
Donnez-moi une étincelle d'un feu naturel,
Voilà toute la science que je désire ;
Alors, bien que je peine à travers flaques et boues,
A la charrue on au chariot,
Ma muse, quoique pauvrement vêtue,
Pourra toucher le cœur.
Oh ! une flammèche de la galté d'Allan (Ramsay) Ou de Fergusson, le hardi et le malin, Ou du brillant Lapraik mon ami futur,
Si je puis l'obtenir.
Cela serait assez de savoir pour moi ,
Si je pouvais l'acquérir *.
Il y a encore bien de l'hésitation et de la crainte dans cette sortie contre les savants. On sent qu'il s'est fait à lui-même les objections qu'il réfute.
1 Epistle to J. Lapraik.