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eux, au moins pour l'apparence, débordaient d'orgueil pharisaïque et de fiel monastique. Que d'admirables qualités fussent cachées sous cet extérieur grossier, se mélangeant aux plus mauvaises de ces sombres passions et les tenant en échec, c'est ce dont aucun homme sincère ne se permettra de douter ; que Burns ait fortement chargé ses portraits , noircissant les ombres déjà assez profondes par elles-mêmes et omettant tout à fait des traits de caractère plus brillants et peut-être plus tendres qui restituaient les originaux aux sympathies des hommes les plus dignes et les meilleurs, c'est ce qui semble également évident *. »

Entre la vivacité des uns et la brutalité des autres, le conflit ne tarda pas à perdre toute mesure. De toutes parts, les reproches, les accusations, les injures, les diffamations même, volaient de toutes les chaires. Les congrégations prenaient parti pour leur ministre. Tout le pays était en émoi. « La polémique de Divinité, dit Burns, vers cette époque, affolait à moitié la contrée ^ » ; et Lockhart, en parlant de ces divisions s'exprime ainsi : « Il est impossible de contempler maintenant la guerre civile qui sévissait parmi ces hommes d'église de l'ouest de l'Ecosse, sans confesser que, de chaque côté, il y a eu beaucoup à regretter et pas peu à blâmer. Des esprits orgueilleux et hautains étaient malheureusement opposés les uns aux autres, et, dans un déploiement exagéré de zèle à propos des points de doctrine, aucun des deux partis ne semble avoir apporté beaucoup de la charité de l'esprit chrétien. Le spectacle d'une si indécente violence parmi les principaux ecclésiastiques du district agissait défavorablement sur les esprits des hommes. Personne ne peut douter que , dans l'état des principes de Burns qui étaient, à mettre les choses au mieux, fort indécis, ce résultat n'ait été, en ce qui le concernait, très funeste ^. »

Dans cette bataille, il se trouvait que les deux ministres d'Ayr, le D"" Dalrymple, qui avait baptisé Burns, et le Rev. Mac G 11 appartenaient à la Jeune Lumière. Le ministre de Mauchline, le Rev. Auld appartenait à la Vieille Lumière. La Kirk-session de Mauchline se composait avec lui de deux anciens nommés William Fisher et John Sillars. Celui-ci semble avoir été un brave homme, mais Fisher était une sorte de tartufe puritain à qui Burns infligea , dans son Saint Willie, une déshonorante immortalité. II y avait, dans la ville voisine de Kilmaruock, un autre représentant de l'ancien parti nommé le Rev. John Russell et désigné, dans les satires de Burns , sous le nom de Black Jock. C'était un géant, rude, redouté de tous, hurlant d'une voix de stentor des sermons qui s'entendaient à un mille, et ébranlant la chaire de ses formidables

1 Lockhart. Life of Burns, p. 59.

2 Autobiograpliicat Le lier to Dr Moore,

3 Lockhart. Life of Burns, p. 57.