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Pour donner aux oiseaux, lorsque viendra la neige,
Il sème dans un coin quelques pieds de maïs ;
Et le bout du jardin, qu’un ruisselet protège,
Se ferme d’un rideau de roseaux et d’iris.


Dans ce modique arpent qu’il cultive lui-même,
Il repique ses fleurs, il taille ses poiriers,
Et, dans l’ordre des mois, il bêche, fume et sème
Un étroit potager bordé de groseilliers.


Parfois, dans l’eau courante il surprend une truite,
Une anguille, les soirs lourds d’orage attendu ;
Et, plus souvent, un banc de clairs goujons invite
Son filet toujours prêt, à sa perche pendu.


Sa table ne connaît, hors ces festins de pêche,
Que le lait, que les œufs, les légumes, les fruits,
Soit frais cueillis, soit ceux que pour l’hiver on sèche,
Le clairet de l’année, et l’eau fraîche du puits.


Il vit dans la facile et la calme routine
De jours qu’altère seul le détail des saisons,
En sachant qu’il est vieux, et que l’heure est voisine
Où tout sera brûlé de ses derniers tisons.