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En nous possédant mieux que quand nous la montâmes ;
Nos cœurs, quand ils donnaient à nos regards leurs flammes,
Étaient moins confondus que sous nos têtes grises !
Tu pleures ? douce amie ! Ah ! les chères surprises
De ces yeux tout à coup humides ! tu les gardes
Aussi promptes toujours ! Je veux que tu regardes
Ton vieil homme, au travers de ces larmes aimées !
Tu souris ? — Et voilà les braises consumées ;
La cendre a profité de mon long bavardage
Pour prendre du terrain, et pousser son bornage
Jusqu’au bout des chenets ; gagneuse opiniâtre,
Elle a couvert la flamme, elle occupe tout l’âtre,
Et nous dit maintenant qu’il faut quitter la place.
C’est l’heure de dormir ! Lève toi, femme ! Embrasse
Ton vieil époux, ton vieux compagnon, ton fidèle
Et ton reconnaissant ami. L’âge qui gèle
Le sang, et qui blanchit nos tempes sous sa neige,
Ne saurait approcher de ce cœur que protège
Un long amour, un long respect, et la jeunesse
De tant de jours plus doux encor que leur promesse !


Allons ! — Je m’en vais voir si la barre est posée :
Toi, remets un peu d’huile à la lampe épuisée ;