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Car, de tous les côtés, les chèvres attirées,
La tête en mouvement, les lèvres affairées,
Montent, descendent, vont, grimpent dans les rochers,
Sautent de l’un à l’autre, et dans des plis cachés
Se jettent tout à coup ; parfois l’une s’accroche,
Les quatre pieds serrés sur un rebord de roche
Et semble suspendue un instant dans l’azur,
Ou contre un pan de pierre aussi droite qu’un mur ;
L’autre, vers un rameau qu’elle a projet d’atteindre,
Glisse au dessus du vide ; et l’on entend se plaindre
Les chevreaux, qui, voyant leurs mères s’en aller,
De tout leur petit corps se mettent à trembler,
Bêlant de leur côté, mais n’osant pas les suivre.
Et quelquefois encor, comme folle et comme ivre,
Soit par sotte panique ou pour se réjouir,
Une d’elles commence à courir, à bondir,
Ruant et dispersant partout des coups de tête,
Et, sans autre raison, tout brusquement s’arrête.
Pour dépouiller plus haut un rameau commencé,
Sur ses jarrets tendus un des boucs s’est dressé
Contre un tronc d’olivier, d’un mouvement oblique,
Semblable aux boucs aimés par le potier antique,
Et dont le corps formait l’anse d’un vase grec.
On entend se casser des branches de bois sec,