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CAPELLÆ.

à Ernest Dupuy.

Couché dans les rochers que parfument des thyms,
Je regarde, à travers les troncs tordus des pins,
Bois solennel et calme où n’entrent point les fièvres,
Les dos blancs, noirs et roux d’un long troupeau de chèvres.
Elles broutent parmi les rocs et les buissons
Dont les uns sont luisants de jeunes frondaisons,
Quand d’autres, plus tardifs, ont encor leur vert sombre ;
Elles couvrent les flancs du vallon de leur nombre
Qui, sans cesse mouvant, semble plus grand encor ;
Et ces groupes divers paissent les genêts d’or,
Les arbousiers, les buis, les cistes aux fleurs blanches,
Entre des troncs épars d’yeuses, dont les branches,
Bigarrant le troupeau d’ombres et de rayons,
Semblent multiplier ses courses et ses bonds.