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LE VIEUX LABOUREUR.

à la mémoire d’Édouard Marty.

S’il t’arrive de voir, sur le bord du chemin
Où tu t’en vas joyeux, ton bâton à la main,
Près d’un toit délabré qu’un mur croulant entoure,
Courbé sur sa charrue, un vieillard qui laboure
Un sol stérile et sec avec un soc usé,
Et suit péniblement le sillon mal creusé
Que trace un maigre bœuf attelé d’une corde
Prête à rompre partout et que maint nœud raccorde,
Approche toi ; dis-lui : « Père, tu sembles las ;
» Aujourd’hui la charrue est pesante à ton bras,
» Et ton front est mouillé de sueur ruisselante,
» Car le jour est sans brise et sa chaleur brûlante ;
» Laisse-moi prendre un peu ta place ; je ferai
» Un bout de ton travail dans ce champ labouré ;