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Si l’anxieuse attente où tremble mon destin
Ne doit pas s’assombrir et vieillir en chagrin.


La Jeune Fille.

La fuite d’un seul mois est rapide et légère !
Je pars pour la montagne où demeure mon frère,
Il a passé l’hiver dans sa maison neigeuse,
Au giron de la combe ouverte qui se creuse
Entre des pics aux rocs de granit et de glace.
Mais déjà la verdure à leurs neiges s’enlace,
Les inertes frimas reculent leurs rivages
Autour de lacs montants et onduleux d’herbages
Où les troupeaux sonnants oublient leur longue étable !
Tous les ans, j’y vais voir la saison adorable
Qui fait de ces hauts lieux le plus pur sanctuaire
Du Printemps : tout est jeune, allègre et téméraire ;
Chaque aurore a plus d’or que celle de la veille ;
Le flanc des monts plus bas, chaque jour, s’ensoleille ;
Les royaumes des foins et des fleurs sont en fête !
Je marche, je me perds dans leur joie inquiète,
Je laisse des sentiers dans les champs de narcisses,
Je suis les ruisselets dans leurs mille artifices