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Est, à chaque moment, l’œuvre d’un grand sculpteur.
Et cette inexprimable et sereine lueur
Que ton plus simple geste ajoute à ton maintien !
Tu vois, vierge, combien mon travail t’appartient
Si tu lui permets d’être une image de toi !
Et si ton dur arrêt lui refuse ce droit,
Il n’existera point ; de nouveau tu détruis
Ton souhait que ce jour soit fertile en beaux fruits !


La Jeune Fille.

À manier les mots que ta bouche est habile !
Ta main ne l’est pas plus à façonner l’argile.
Les potiers n’ont pas droit d’être aussi des poètes ;
Il leur sied d’employer les paroles discrètes
Qui sont faites pour tous, hormis ceux que la Muse
Pour sa pompe a formés. Tu me rendrais confuse
Si je ne m’assurais que, dans cette peinture,
C’est ton œuvre, déjà, qui vit et transfigure
Le modèle imparfait que tu choisis pour elle ;
Mais, sachant où tes mots, potier, ont pris leur zèle.
Je puis laisser passer, sans vouloir me défendre,
Ce tableau trop flatteur qu’il est plaisant d’entendre.