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Des peines dont le cœur emporte la leçon ?
Quel bélier n’a laissé de sa laine au buisson ?
Quel berger n’a blessé sa main à des épines ?
Quel bûcheron n’a pris son pied dans des racines ?
Quelle bouche n’a pas mâché de pain amer ?
Quel bouclier n’a pas été mordu du fer ?
Et ton propos ne veut — de quoi qu’il me souvienne —
Ni regret de ta part, ni pardon de la mienne.
Poursuis donc !


L’Adolescent.

Je n’ai pu m’empêcher de penser
Que cet amour qu’il faut ou fuir ou maîtriser,
Quelque cruel qu’il soit, est pourtant un haut maître,
Puisqu’il sait transformer ainsi ceux qu’il pénètre,
Puisqu’en les entraînant jusqu’où vont ses douleurs,
Il les conduit verser leurs soupirs et leurs pleurs
Aussi loin que la vie humaine peut s’étendre.
Aux caps au pied desquels on ne peut plus entendre
Que le déferlement infini de la Mort.
Mais il enseigne aussi l’espérance et l’effort ;