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Sous les ombres d’un bois, son chagrin résigné ;
Il sembla tout à coup que je fusse éloigné !
Puis, de cette invisible et profonde détresse,
Remonta je ne sais quel rayon de tendresse,
Un éclat caressant qui restait douloureux.
Mais ramenait son cœur des fonds mystérieux
Dans lesquels n’avait pu la suivre ma pensée ;
Et son âme en ses yeux revint, comme lassée
De sa descente obscure, illuminer des pleurs.
Puis tendresse et chagrin, confondant leurs lueurs,
Moururent l’un dans l’autre, et devinrent du Rêve,
Haut comme le nuage aux flancs duquel s’achève
Un beau jour apaisé qui connut l’ouragan.
Sa face enfin sereine, et triste cependant,
Devint à cet instant plus admirable encore ;
De minute en minute, elle semblait éclore,
Plus belle qu’elle même, en suprême beauté.
Quelque chose d’ardent, de pensif, d’exalté,
Quelque chose d’immense, en même temps intime,
Donnait une infinie étendue et sublime
À son recueillement sous son regard lointain.
Il semblait qu’on eût pu verser tout le Destin
Entre ses yeux perdus et son secret sourire ;
Tout ce qui peut souffrir, tout ce qui peut séduire