Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le Vieillard.

Il se peut.


L’Adolescent.

Je voyais de près son beau visage
Qui paraissait aussi porter un clair orage,
Âpre, ardent et pareil à celui de la mer.
Ses cheveux, rejetés de son front découvert,
Comme un embrun doré volaient dans la lumière,
Ou battaient sur ses yeux émus de la colère
Qui roulait dans les flots verts et tumultueux ;
Et l’ouragan du ciel était moins spacieux
Que celui qui passait sur cette face humaine.
Elle se tenait droite et vacillant à peine
Par l’effort de son corps pour résister au vent.
Mais bientôt je ne sais quel reflet émouvant
De douleur apparut à travers sa tempête,
Apaisant, trait par trait, son admirable tête,
Dont les cheveux battus restaient seuls inquiets !
Et sa beauté passa dans de profonds secrets ;
L’eau claire de ses yeux devint intérieure,
Et fut la source pure et touchante qui pleure,