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Voilà ce qu’aux marins cette Mer abhorrée
Réserve ; et parmi ceux dont tu vis la rentrée,
Plus d’un dort sur un lit de sable ou de corail,
Tandis que vers le pôle erre le gouvernail
Auquel il s’appuyait, lorsqu’au départ son geste
Rassurait ou la mère ou l’épouse qui reste
À l’attendre, en pleurant, au hâvre paternel !
Et l’Amour plus encor que la Mer est cruel.


L’Adolescent.

Ô maître tu dis vrai ! Je sais que la parole
Dans laquelle ton haut et calme esprit s’isole
Au-dessus des souhaits du monde et son effort,
Du sommet d’un coteau juge l’homme et son sort !
Tes pieds ont parcouru tous les chemins ; ton âme
Sait ce qu’il restera de cendre après la flamme ;
Et ton doigt magistral trace le cercle étroit
Où le rêve humain naît, se tourmente et décroît !
Et pourtant, je voudrais te montrer ma pensée,
Et de quel doute elle est quelquefois traversée,
Encor que mon esprit, assis aux pieds du tien,
Recueille tes propos où je trouve un soutien.