Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le Vieillard.

 
Ne cherche pas l’Amour, s’il ne te poursuit pas ;
Laisse se détourner et s’éloigner ses pas
Du banc où, sous l’auvent de ta vieille chaumine,
Tu regardes la mer houleuse qu’illumine,
En brisant un nuage, un soleil orageux.
Car c’est un dieu cruel ; les plus doux de ses jeux
Ne vont pas sans qu’il reste au bout de son doigt rose
Un peu du sang des cœurs sur lesquels il se pose.
Redoute le mon fils ; et puisque ces grands buis,
Où la brise entretient de légers et clairs bruits,
Te cachent à ses yeux, et couvrent ton haleine,
Qu’il ignore en passant ta présence prochaine,
Et suive son chemin vers les vastes cités.
Dans ce calme hameau que tes jours abrités