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Je ne veux pas jurer par le Ciel ni le fleuve
Dont le nom redoutable intimide les Dieux.
Si mes mots impuissants ont besoin d’une preuve,
Tu n’as qu’à regarder les larmes de mes yeux.


L’Étrangère.

Je veux penser aussi que ta bouche est loyale,
Et que tu crois au rêve où s’engage ton cœur ;
Mais l’âme est un charbon dont la brise inégale
Laisse tomber, ravive ou disperse l’ardeur.


Tu ne peux pas prévoir les souffles de la vie ;
Le vent, à chaque instant, vient d’un autre horizon,
Et la flamme vacille, inconstante, ou dévie,
Selon les grands courants qui penchent la raison.


Ne te promets donc pas de sentiment qui suive
Les détours de la vie ou ses heurts jusqu’au bout ;
L’homme a perdu plusieurs âmes quand il arrive
À la porte tombale où perche le hibou.