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Les jours sont peu nombreux où tu devras attendre :
Vois ! les saules déjà sont voilés de vert tendre,
Et près du vieux platane encor gris et morose,
Les jeunes amandiers ont pris leur clarté rose !
Au moment où leurs fleurs jaunissent les cytises,
Lorsque, dans les vergers, les premières cerises
Autour des cerisiers font voltiger les merles,
Que le temps manque aux nuits pour suspendre des perles,
Dans leur course hâtive, aux gramens des prairies ;
Lorsque, dans les jardins, les corbeilles fleuries
Se surfleurissent d’or sous le vol des abeilles,
Et qu’on voit succéder, sur le réseau des treilles,
Au feuillage de bronze une feuillaison verte,
Je te rapporterai mon âme découverte,
Quel que soit, ô potier, l’aveu qu’elle contienne,
Et nous saurons tous deux si ma main dans la tienne
Doit rester plus longtemps qu’au geste d’une amie.


Mais pour qu’en ses projets la pensée affermie
Ne soit pas entravée à ton premier ouvrage,
Donne à ces deux époux notre double visage,
Et, tel que tu le veux, que ton travail se fasse !
Ainsi je connaîtrai s’il est vrai que ma face