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Le soir tombe, partons et marchons dans la nuit !
Montons par les grands bois austères des sapins !
Montons par les grands prés dont la pente conduit
Jusqu’aux escarpement des fiers sommets alpins !

Allons plus haut ! Passons l’affreux chaos des roches,
Franchissons les glaciers, la neige ! Allons encore !
Grimpons du dernier pic les dernières approches !
Il faut être à son faîte à la première aurore !

Lorsque, hors des vapeurs de clarté remuées,
Le monde apparaîtra dans sa blancheur d’autel
Je veux, sur ses hauteurs par l’aube saluées,

Te donner un baiser secret et solennel,
Dans le palais d’argent que dressent les nuées
Sur les sommets des monts les plus voisins du ciel !