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VIII


2

Aux heures du matin, lorsque les ombres bleues
Pendaient encore aux flancs des montagnes lointaines,
D’où, par de longs replis, nous séparaient des lieues
De gazons pleins de fleurs, montant vers leurs moraines,

Les grands toits presque plats, couverts d’ardoise brute,
Semblaient garder sur eux l’immobile fumée,
Qui tordait dans les airs une immense volute
À ses deux bouts pendants à peine déformée.

Souvent, t’en souviens-tu, nous partions par les prés
Scintillants de rosée et bleus de gentianes.
Et nous nous retournions pour voir les toits dorés

Par l’aurore à travers ces gazes diaphanes :
Puis nous ne rentrions des monts que pour revoir
Le même dais léger sorti des feux du soir.