Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

I


Une baie aux contours très doux, aux flots d’azur
Qui tendent sur le sable une frange d’écume,
Ou ceignent, d’un iris plus riche que la plume
Des paons, les rochers roux qui font le hâvre sûr ;

Traversés d’un chemin étroit et presque obscur,
Deux rangs blancs de maisons dont pas une ne fume ;
Des filets, une forge avec son bruit d’enclume,
Sur un semblant de quai soutenu d’un vieux mur ;

Quelques batelets bleus amarrés à la digue,
Avec leur voile blanche ou couleur de safran ;
Un matelot qui dort accablé de fatigue,

Un navire de guerre à l’horizon errant,
Une île que le soir rend pourpre ou violette ;
Voilà le coin de terre où mon cœur te regrette.