Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XLVII


Je ne t’ai point connue au bourgeon de ton âge,
Alors que tes seize ans éblouissaient les yeux,
Quand ton rire éclatait, clair, frais, pur et joyeux,
Comme un chant d’alouette un matin sans nuage ;

Mais j’ai vu dans sa fleur ton noble et doux visage,
Grave comme un camée antique, et sérieux,
Avec son air profond de regarder les cieux :
Et mon cœur désormais suivra ta chère image ;

Car tu traverseras les beautés successives
Que la vie, en son cours, garde aux faces pensives
Dont le sourire est triste et les jeux consolants :

Tes traits mûris auront des accents fiers et lents.
Puis la sérénité des saisons plus tardives,
Va je te verrai belle avec des cheveux blancs.