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XXIX

 
J’ai, dès les premiers jours, deviné que ta vie
Loin des bonheurs humains dans son chagrin s’exile,
Où rarement un jour moins assombri convie
Quelque joie indécise ou quelque espoir débile.

C’est pourquoi, te sachant des Tristesses suivie,
Je veux que mon amour soit le mur et l’asile
Où leur menace meurt, où leur flèche dévie ;
Je veux que mon amour soit le baume et soit l’huile.

O colombe longtemps sous l’ombre du malheur,
Je veux soigner, panser et protéger ton cœur,
Et le guérir si bien, qu’à la fin je le force

De pardonner au sort et d’être confiant :
Je veux, t’enveloppant de tendresse et de force,
Faire de mon amour un bienfait patient.